Avec 2,4 millions de demandeurs d'emploi, le taux de chômage a atteint 8,5 % au début de l'année 2019. Il devrait diminuer jusqu'à 8,3 % d'ici à la fin de l'année. Cette baisse du taux de chômage, dont ne nous pouvons que nous réjouir, ne doit pas pour autant nous faire oublier que des difficultés et des disparités importantes persistent.
D'abord parce que le chômage ne recule pas pour tous. En effet, si les cadres sont dans une situation de quasi plein-emploi avec un taux de chômage de 2,8 %, ce taux atteint 6,5 % pour les emplois qualifiés, mais surtout 18 % pour les personnes sans qualification.
Des disparités immenses subsistent également d'un territoire à l'autre. Le chômage demeure ainsi particulièrement élevé dans certains territoires, comme dans les Hautes-Pyrénées où il atteint 9,3 %, ou en Seine-Saint-Denis où il s'élève à 12 %. Par ailleurs, certains territoires, dont le taux de chômage est bas – proche de 5 % – sont tout de même confrontés à l'inadéquation entre l'offre et la demande d'emplois, et à l'incompatibilité entre les compétences et les métiers. C'est en particulier le cas de la Mayenne ou du Cantal.
Ces constats ont conduit le Gouvernement à ériger en priorité la formation professionnelle et l'apprentissage dans la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel.
Dans cette perspective, il nous semble, madame la ministre du travail, que les objectifs fixés par le Gouvernement pour 2021 en matière d'apprentissage sont plutôt faibles. Vous ne prévoyez en effet que 7 600 contrats supplémentaires par rapport à 2018, et vous visez 75 % seulement de taux d'insertion dans l'emploi des apprentis, contre 74 % en 2019. Pouvez-vous nous apporter des éclaircissements sur ces chiffres ?
En revanche, le groupe Libertés et territoires approuve l'augmentation de crédits substantielle du programme 103 « Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi », qui vise notamment à répondre à la montée en puissance du plan d'investissement dans les compétences, avec un nouvel engagement de 3 milliards d'euros.
Ce plan, qui prévoit de former d'ici à 2022, un million de demandeurs d'emploi peu qualifiés et un million de jeunes sans qualification est appliqué avec le concours de la plupart des conseils régionaux. Cela démontre que les politiques de l'emploi doivent être davantage pensées au niveau territorial en tenant compte des spécificités des bassins d'emplois.
À cet égard, notre groupe se félicite que ce budget prévoie 6 millions d'euros supplémentaires pour soutenir l'expérimentation « Territoires zéro chômeur de longue durée ». Il faut valoriser ce dispositif innovant qui part des territoires, mobilise les acteurs locaux, et contribue ainsi à créer des emplois pour les personnes les plus éloignées du monde du travail. Madame la ministre, compte tenu des effets positifs constatés, nous serons particulièrement attentifs aux conclusions des évaluations en cours et à la suite que vous donnerez à cette expérimentation.
Enfin, nous croyons surtout que ces expériences territoriales positives doivent nous inciter à clarifier le rôle des régions en matière d'emploi et de formation professionnelle, rôle que la loi de 2018 a remis en cause.
Nous ne pouvons aborder la mission « Travail et emploi » sans un mot sur la réforme de l'assurance chômage, dont les premières mesures sont entrées en vigueur vendredi dernier.
Madame la ministre, je ne peux que regretter que cette réforme ait été marquée par une reprise en main quasi inédite du Gouvernement, après l'échec des négociations entre partenaires sociaux, échec en grande partie dû à la feuille de route rigide que vous leur avez remise.