Nous pouvons à présent commencer.
Au sujet des vaccins, je souhaite rassurer les Français qui nous écoutent. L'objectif que nous cherchons à atteindre est celui qu'a fixé l'Organisation mondiale de la santé : elle demande à tous les pays du monde d'offrir aux enfants une couverture vaccinale de 95 % afin d'empêcher l'émergence d'épidémies et d'éviter des morts inutiles, en particulier celle des nombreux enfants qui, pour des raisons médicales, ne peuvent pas être vaccinés et n'échappent aux virus et aux bactéries que si les autres enfants, eux, le sont.
Tous ceux qui prônent la liberté de vaccination oublient qu'ils jouent les passagers clandestins. Pourquoi se permettent-ils de ne pas faire vacciner leurs enfants ? Parce que ceux-ci, grâce au taux de couverture de 85 % prévalant actuellement en France, sont peu exposés aux épidémies et parviennent à leur échapper. Pour autant, la proportion de huit enfants vaccinés sur dix par onze vaccins ne suffit pas à couvrir le risque, de sorte que des épidémies surgissent ça et là, faisant chaque année des morts.
Une dizaine de morts de la rougeole au cours des quatre dernières années, c'est trop ! Une cinquantaine de morts de méningite, des jeunes âgés de quinze à vingt-cinq ans, c'est trop ! Et que dire de ces parents qui, ayant le choix, prennent les vaccins recommandés pour des vaccins facultatifs ? Selon quels critères des parents choisissent-ils de faire vacciner leur enfant contre la méningite plutôt que contre l'haemophilus ? Laquelle est la plus grave ? Les deux ! Il est aussi grave de mourir d'une méningite que d'une septicémie, de la rougeole que d'une hépatite. Nous rappelons donc à ces Français que qualifier ces vaccins de « recommandés » signifie non pas qu'ils sont facultatifs mais qu'ils sont nécessaires, ce qu'ils n'ont pas compris.
Nous avions baissé la garde. Nous pensions que la vaccination faisait partie de l'évolution normale d'une société raisonnable et rationnelle. Nous avions rendu obligatoires le vaccin BCG, le vaccin contre la variole et le vaccin DTP. Une fois les nouveaux vaccins mis au point, nous avons estimé que chacun comprenait leur intérêt et qu'il suffisait de les recommander. Eh bien non ! Nous avons oublié ce qu'étaient ces maladies, nous avons oublié de quoi mouraient les enfants auparavant. Nous avons donc baissé la garde et laissé les parents penser que, ces maladies ayant disparu, leurs enfants ne risquaient rien et qu'ils pouvaient se permettre de ne pas les faire vacciner.
Je répète que l'accès de chaque enfant aux onze vaccins est un enjeu individuel consistant à leur éviter de souffrir de maladies mortelles. Au demeurant, nous ne leur évitons pas seulement le décès mais aussi des handicaps graves. La plupart de ces maladies causent des encéphalites, dont résultent des handicaps psychiques sévères, ainsi que des septicémies, rendant nécessaires des amputations. Lorsque nous vaccinons nos enfants, nous les protégeons de ces maladies.