Comme vous l'avez rappelé, Haïti est entré manifestement depuis le mois de septembre dans une crise économique, sociale et politique. L'ensemble des manifestations appellent à la démission du président Jovenel Moïse. La plus faible mobilisation du dimanche 10 novembre laisse entrevoir un répit, après les deux mois de troubles particulièrement violents que vous avez rappelé : quarante-deux personnes ont perdu la vie selon l'ONU, dont dix-neuf tuées par les forces de l'ordre. La difficulté essentielle tient à l'absence du Gouvernement investi par le Parlement : la situation est de ce fait totalement bloquée et l'activité économique paralysée.
Dans l'immédiat, la position française est claire : il convient d'abord d'assurer la sécurité de nos compatriotes en Haïti, où la communauté française compte 1 900 inscrits. Il faut ensuite éviter une nouvelle crise humanitaire. On estime qu'en 2020, 4 millions de personnes se trouveront en insécurité alimentaire ; 2 millions d'enfants ne sont quant à eux plus scolarisé. Nous fournissons donc une aide alimentaire d'urgence et travaillons avec l'Union européenne pour nous tenir prêts à lancer une action concrète sur le terrain en cas de dégradation de la situation.
Notre priorité reste néanmoins le soutien à la reprise d'un dialogue réunissant l'ensemble des forces d'opposition et l'ensemble de la société civile. Nous avons signalé, je le répète devant vous, que nous sommes prêts à soutenir ce dialogue, en lien avec l'Union européenne et avec l'Organisation internationale de la francophonie. Nous estimons en effet que ce dialogue constitue la seule réponse possible à l'urgence sociale et la seule voie de sortie de la crise politique actuelle. La France ne veut pas d'une nouvelle situation chaotique en Haïti, dont les Haïtiens les plus vulnérables sont les premières victimes. C'est au président Haïtien de se montrer à la hauteur des circonstances de façon à éviter cette crise et à engager au plus vite le dialogue national dont le pays a plus que jamais besoin.