Monsieur le Premier ministre, le projet de loi de finances rectificative que vous venez de nous présenter met fin aux dernières illusions que vous entreteniez sur votre sérieux budgétaire : vous ne réduisez pas la dépense publique. Le projet d'économiser 1,5 milliard que vous annonciez en décembre pour financer les mesures d'urgence économiques et sociales est purement et simplement abandonné. Après vos renoncements concernant la maîtrise de la dette, qui atteint 99 % de la richesse nationale, et après vos renoncements concernant la maîtrise des comptes publics, alors que le déficit se creuse cette année pour la première fois depuis dix ans, c'est un renoncement de plus, un renoncement de trop.
S'agissant de la maîtrise des effectifs de l'État, alors que vous promettiez une réduction de 50 000 postes d'agents, vous ne parviendrez même pas à réaliser 10 % de cet objectif sur la totalité du quinquennat. Vous prévoyez même des créations de postes supplémentaires dans ce PLFR, alors que l'État emprunte déjà pour pouvoir payer ses fonctionnaires. Quel ménage pourrait assumer une telle situation ?
Par ailleurs, alors que vous vous étiez engagé dans la loi à respecter une trajectoire de baisse du déficit structurel, vous ne tenez même pas cet engagement. Où est le respect de la parole publique ? Où sont les efforts budgétaires que vous nous promettiez, monsieur le Premier ministre ?
Hélas, ces renoncements ne seront pas sans conséquences sur le pouvoir d'achat des ménages. Les Français doivent savoir que les mesures d'urgence que vous avez votées à la suite du mouvement des gilets jaunes sont financées à crédit, hélas, et qu'en conséquence elles se traduiront inévitablement par de nouvelles hausses d'impôts demain.
Vous le savez très bien, monsieur le Premier ministre, sans baisse de la dépense, toutes les baisses d'impôts que vous annoncez sont illusoires et non durables. Quand allez-vous le prendre en compte ?