En d'autres termes, vous supprimez 10 millions d'euros de crédits sans offrir le bol d'oxygène que serait, pour le musée, la suppression de ce plafond. Sur la base d'un ticket d'entrée à 17 euros, 10 millions d'euros représentent tout de même près de 600 000 visiteurs de plus. Or, en 2018, le Louvre a déjà accueilli 10 millions de visiteurs, ce qui est beaucoup. Nous serions donc preneurs de vos explications sur ce point aussi, monsieur le ministre. La réalité, c'est que vous ponctionnez le Louvre car vous avez besoin de crédits, à la fois pour compenser des recettes qui font défaut – celles, par exemple, qui venaient de la cathédrale Notre-Dame, actuellement fermée – et pour financer des dépenses supplémentaires. Cette réalité-là, vous ne la dites pas. Mais nous retiendrons que vous êtes le premier ministre de la culture de l'histoire à opérer une telle ponction sur le budget du Louvre.
Autre exemple, précédemment évoqué : le pass culture, mesure phare du candidat Emmanuel Macron qui vise à allouer 500 euros à chaque jeune âgé de 18 ans pour des dépenses culturelles. Or, selon une enquête publiée il y a quelques jours par Mediapart, la réalité de l'expérimentation est tout autre : au total, seuls 25 000 jeunes se sont inscrits à ce jour pour bénéficier du dispositif, avec une dépense moyenne de 100 euros sur les 500 accordés. D'autre part, lorsque l'argent du pass est dépensé, il sert en priorité à financer l'achat de livres, ce qui est fort bien, mais aussi le téléchargement de musique sur la plateforme Deezer. La dépense est donc très concentrée sur une pratique culturelle en particulier.
Permettez-moi enfin un mot sur la musique. En commission, lors de la réunion ayant précédé l'examen en séance, j'ai regretté la lenteur des nominations au sein de votre ministère, ce qui laisse vacants des postes stratégiques ; je pense notamment à celui de directeur du Conservatoire national de musique et de danse de Paris. Pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet ?
Je conclurai en évoquant la démocratisation de la culture. C'est là, monsieur le ministre, un objectif que nous partageons pleinement avec vous. Cependant, les fameux indicateurs de la LOLF – loi organique relative aux lois de finances – , notamment le 3. 1 du programme 131, révèlent que la fréquentation payante des lieux subventionnés a diminué, puisqu'il y a eu, en 2018, 500 000 spectateurs de moins qu'en 2017 ; il en va de même pour l'objectif que vous avez fixé. Sur ce point encore, monsieur le ministre, nous sommes preneurs de vos éclaircissements.