Le pass culture était une promesse centrale de la campagne d'Emmanuel Macron, mais il touche finalement peu de jeunes. L'idée en avait été soufflée au Président de la République par son ex-conseillère chargée de la culture et des médias, Claudia Ferrazzi, qui avait simplement repris le bonus cultura, lancé en 2016, en Italie.
Le pass culture se révèle malheureusement être un fiasco. Neuf mois après le début de l'expérimentation dans quatorze départements français, seulement 25 000 jeunes se sont inscrits. Ils n'ont dépensé en moyenne que 100 euros sur 500. Quant aux dépenses du pass, on peut s'interroger. Je ne doute pas que le jeu vidéo fasse aussi partie de la culture, mais la jeunesse a-t-elle vraiment besoin du Gouvernement pour être encouragée à jouer à des jeux vidéo ? La question se pose, même si je sais qu'il existe des garde-fous : un plafond de 200 euros est fixé pour les offres en ligne, et ces dernières doivent être en adéquation avec les objectifs du service public.
Au total, à la fin de l'été, on comptera seulement 1 million d'euros de dépenses culturelles des jeunes liées au pass. Pourtant, dans le budget pour 2019, il était prévu que le pass culture coûte 34 millions d'euros. Mediapart s'interroge : au-delà de l'investissement technologique, comment justifier un tel fossé entre les dépenses et le coût de fonctionnement ? Serait-ce dû aux rémunérations injustifiables des dirigeants – 170 000 euros annuels pour le président de la société pass culture, et 6 000 euros mensuels pour le tiers-temps de son conseiller ?
Parallèlement à ces dépenses plus qu'indécentes, des auteurs ont par exemple lancé un appel pour un théâtre en liberté. Ils dénoncent l'entre-soi de la création théâtrale en France. Monsieur le ministre, pourquoi ne pas consacrer une partie des sommes allouées au pass culture à aider les auteurs véritablement indépendants qui le méritent ?