Pour reprendre la jolie formule de Jacques Brel, « ce n'est pas Waterloo, mais ce n'est pas Arcole ». Le rapport qui nous est présenté a une certaine importance, dans la mesure où tout ce qui nous rapproche de nos voisins européens, notamment de l'Allemagne, est important. Il existe depuis très longtemps dans le Var une école franco-allemande, l'école de l'aviation légère de l'armée de terre (ALAT), qui fonctionne parfaitement bien. Mais il s'agit d'une école, et nous parlons ici d'une base tactique, ce qui est sensiblement différent.
Dans nos échanges avec les Allemands, nous sommes toujours plutôt déficitaires. D'ailleurs, sur la base d'Évreux, il y aura plus d'avions allemands que d'avions français – six contre quatre. La France et l'Allemagne ont des cultures militaires très différentes – c'est un euphémisme. L'armée allemande est très peu employée, alors que l'armée française est engagée sur tous les fronts : seuls 3 000 soldats allemands sont engagés en dehors de leurs frontières, alors que 30 000 soldats français le sont. Par ailleurs, l'armée allemande est une armée syndiquée : nous ne marchons pas du même pas. Des difficultés opérationnelles sont donc à craindre, si nous devons faire intervenir ces avions en dehors de la routine du quotidien.
Cela étant, il est vrai que notre flotte d'avions tactiques, constituée de C-130 et de C-160 Transall – les successeurs du Noratlas 2 501 – est totalement dépassée. Notre collègue Jean-Jacques Ferrara m'a indiqué que les derniers de ces avions seront mis à la retraite en 2023. Le renouvellement de cette flotte est donc une bonne chose.
Le groupe Les Républicains votera ce projet de loi, parce qu'il a une vraie force sur le plan symbolique et qu'il nous importe de voir revivre la base d'Évreux. Il m'a cependant paru nécessaire de rappeler les différences qui existent entre nos deux pays, à la fois du point de vue des mentalités et de l'emploi des forces armées. Je crois beaucoup à la coopération en matière de formation. Ce projet de base commune me laisse plus dubitatif, mais je veux faire confiance à l'avenir.