Intervention de Général Jean-Louis Georgelin

Réunion du mercredi 13 novembre 2019 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Général Jean-Louis Georgelin, préfigurateur de l'établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris :

Les dégâts ont été assez bien décrits : effondrement total de la voûte du transept, chute de la flèche, percement des voûtains des voûtes sexpartites de la première et deuxième travée de la nef en partant du transept et dans le choeur, destruction de la charpente – la fameuse « forêt » – et fusion de la toiture, qui s'est traduite par le déversement de 300 tonnes de plomb.

Il est intéressant de noter que depuis l'incendie, seulement trois ou quatre pierres sont tombées, mais comme l'accès à la partie supérieure de la voûte, l'extrados, est impossible tant que l'échafaudage n'a pas été démonté, nous ne pouvons avoir plus de précisions sur l'état général de la voûte.

Vous avez observé que des cintres en bois très spectaculaires, qui donnent une allure de grand blessé à Notre-Dame, ont été posés. Réalisés par l'entreprise lorraine Le Bras Frères, ils ont pour rôle de soutenir les arcs-boutants, qui ne jouent aujourd'hui plus qu'un rôle passif. L'effondrement de la voûte est un scénario que l'on ne peut totalement écarter.

S'agissant des oeuvres d'art, l'ensemble du Voeu de Louis XIII est quasiment intact. Les bas-reliefs qui entourent le choeur semblent eux aussi intacts tout comme les stalles mises en place par Robert de Cotte autour du choeur, mais il faudrait s'en assurer en nettoyant davantage. Les Mays ont été transportés au Louvre à l'exception de deux d'entre eux qui sont restés à Notre-Dame. Toute personne qui se promènerait dans le déambulatoire autour du choeur, aurait l'impression en regardant les chapelles que rien ne s'est produit – tant qu'on ne lève pas la tête. C'est là qu'a eu lieu la messe pour la dédicace de Notre-Dame le 15 mai dernier.

Quant à la chaire, elle est toujours en place mais on n'y accède pas du fait des craintes que suscite l'état de la voûte. Il reste en outre beaucoup de chaises.

Aucun des vitraux n'a été atteint. Ils ont été retirés pour construire le platelage.

J'en viens à cette chose extraordinaire qu'est l'orgue. Ni l'eau ni le feu ne l'ont touché mais ses tuyaux ont reçu beaucoup de poussière de plomb. Je voudrais que l'on puisse le réentendre aussi vite que possible. Aussi vite que possible, cela ne veut pas dire demain matin, mais dans trois ou quatre ans, vous l'aurez compris. Philippe Jost, mon second qui, avec Ludovic Lebeau, m'a aidé dans cette phase difficile de préfiguration, assiste à une réunion qui lui est spécialement consacrée en ce moment même.

Enfin, je précise – et je n'imagine pas que cela ait pu échapper à la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale – que nous avons fait sonner – à la main – le bourdon afin d'accompagner la dépouille mortelle de Jacques Chirac des Invalides à l'église Saint-Sulpice. J'ai regretté que dans le tohu-bohu médiatique, cela ait été peu rapporté… Seules quelques personnes particulièrement délicates ont noté l'émotion suscitée par le son de cette cloche qui avait déjà retenti pour les obsèques de François Mitterrand et l'hommage aux victimes de l'attentat contre Charlie Hebdo.

Voyez-vous, je suis très attentif à tout ce qui montre qu'il y a de la vie à Notre-Dame. Ainsi, je reçois demain Robert Hossein, qui a un projet pour le parvis.

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