Je féliciterai à mon tour Mme la ministre et M. le ministre pour la qualité du débat parlementaire qui s'est tenu en commission des lois. Par ce texte, il s'agit de dire aux maires qu'on les aime, alors que l'exaspération s'exprime un peu partout. C'est bien une opération de séduction – n'excluant pas un travail sérieux – qui se déroule ici, jour même de l'ouverture du congrès des maires, comme si le Gouvernement craignait que cette action législative dédiée ne passe inaperçue. Après ce texte subsisteront toutefois de nets désaccords sur la fiscalité locale, la taxe d'habitation, la gestion des compétences eau et assainissement, la désertification médicale et, d'une manière générale, les services publics.
Je formulerai quatre observations sur le contexte et trois remarques sur le projet de loi.
Première observation de contexte, la loi NOTRe, dont le rapporteur était Olivier Dussopt, aujourd'hui membre du Gouvernement, et qui a été adoptée à la suite d'une CMP conclusive tenue au Sénat sous la présidence de Philippe Bas, a fait l'objet de longs débats focalisés sur l'intercommunalité. Nous fûmes quelques collègues à insister, en vain, sur l'utilité de réfléchir également à l'échelon local si particulier que constituent la commune et l'équipe de bénévoles formant le conseil municipal. Pour paraphraser Tocqueville, la commune est à la démocratie ce que l'école est à la science. C'est dire si nous devons prendre garde, sans conservatisme, au patrimoine millénaire que l'État ne crée pas mais dont il hérite.
Deuxième observation, l'intercommunalité doit offrir un espace adapté et suffisant, où puissent se déployer les politiques publiques de proximité qu'attendent nos concitoyens en matière de mobilité, de transport, d'environnement, de culture. Les fusions de communautés de communes répondant à cet objectif sont nombreuses, et je ne pense pas que beaucoup envisagent de modifier leur périmètre. Toutefois, je connais aussi des petites intercommunalités qui font perdre de leur intérêt aux communes rurales, rassemblées autour d'une ville centre dont elles constatent la volonté hégémonique ; nombre d'élus de ces communes rurales vivent mal les conseils communautaires dominés par la ville principale dont le poids politique écrase la démocratie locale.
Troisième observation, il ne s'est pas produit un raz-de-marée de communautés de communes XXL. Sur les 1 258 EPCI, 143 ont plus de 50 communes, et 47 %, moins de 20. Plus de 80 % des intercommunalités sont satisfaites. C'est sans doute la raison pour laquelle moins de 11 articles de la loi NOTRe – qui en compte 136 – seraient modifiés, et encore, à la marge, par le présent texte. Ceux qui espéraient un démantèlement de la loi NOTRe seront déçus.