Madame la ministre, la décision de procéder à des milliards d'euros d'économies sur l'assurance maladie, à peine compensés par une hausse du forfait hospitalier, est indigne. Vous soutenez dans la presse que ces économies seront indolores en parlant de 30 % de dépenses inutiles, ce que ne peuvent croire les femmes et les hommes qui, sur le terrain, vivent les effets d'une politique d'austérité que vous amplifiez.
Le niveau de cet ONDAM constitue l'organisation consciente et méthodique d'une nouvelle catastrophe industrielle. Cette dernière est vécue dans leur chair par une majorité de personnels soignants.
Pour décrire ce qui se passe dans les murs de l'hôpital public, permettez-moi de reprendre les mots de Sabrina Ali Benali, jeune interne à l'hôpital Bichat de Paris, qui s'est engagée à dénoncer la situation de l'hôpital à travers des vidéos de son quotidien : « Beaucoup d'entre nous souffrent d'avoir parfois l'impression de maltraiter leurs patients, tant il devient difficile de pouvoir pratiquer une vraie prise en charge humaine, d'avoir la possibilité de passer du temps auprès du lit du malade, sans compter l'épuisement physique et moral des personnels médicaux et paramédicaux. »
Ce sont des métiers particuliers compte tenu de leur proximité directe avec la maladie, la mort, mais aussi, fort heureusement, avec quelques bonheurs humains. Ces professions doivent donc être protégées, et les temps de repos nécessaires doivent être respectés, afin que les soignants puissent assurer leur travail sans mettre en péril leur santé physique et mentale.
Ne serait-il pas opportun, chers collègues, de profiter de ce PLFSS pour 2018 pour soulager enfin les soignants et les patients, ou bien ce que vous appelez « sauver la Sécurité sociale » est en fait rendre son hôpital moins qualitatif et, sans doute, son personnel plus malheureux ?