Les éléments de vulnérabilité que vous avez soulignés montrent bien que les flux ne sont pas encore stabilisés de manière pérenne, d'où la nécessité d'entretenir des relations aussi étroites que possible avec les États concernés. Concernant les Balkans occidentaux, il est politiquement important de leur confirmer la perspective de rejoindre un jour l'Union. Les en priver serait un facteur de risque supplémentaire pour la stabilité politique de la région, comme pour la politique migratoire. Cette perspective ne saurait pour autant être de court terme, d'une part, compte tenu des besoins de réformes devant encore être accomplies dans ces pays, et, d'autre part, l'Union, dans sa forme actuelle, ne serait pas en mesure d'intégrer un grand nombre de pays supplémentaires. Au préalable, il est nécessaire de procéder à un renforcement, mais aussi à une réflexion sur la manière dont elle doit fonctionner compte tenu de la diversité de ses membres. Mais cela ne doit pas nous conduire à rejeter pour autant la perspective de leur intégration au sein de l'Union européenne.
S'agissant de la Turquie et des pays du Maghreb, tels que la Libye, le Maroc, la Tunisie, l'Algérie, mais aussi des pays limitrophes, une relation de partenariat est indispensable. Lorsque l'un de ces pays se trouve dans l'incapacité de contrôler les flux migratoires – tel est le cas en Libye aujourd'hui – ou dans la tentation d'utiliser ces flux migratoires comme instrument politique vis-à-vis de l'Union, nous sommes exposés à un risque. Il est absolument indispensable de conserver une démarche aussi partenariale que possible avec ces pays. C'est la raison pour laquelle la question de la gestion concertée des flux migratoires revêt une importance particulière dans la préparation du Sommet Union européenne – Afrique. Ce sujet y sera donc abordé à la fin du mois de novembre à Abidjan, y compris avec le Maroc, qui est un partenaire essentiel. Au-delà, à plus long terme, la question migratoire met en relief des enjeux considérables en Afrique, que vous avez évoqués, liés par exemple à l'économie et la démographie africaine, aux phénomènes de migrations climatiques. Ils justifient plus que jamais l'urgence des actions en matière d'aide au développement et l'ambition qu'il faut avoir face au changement climatique. Ce qui ressort en définitive de votre propos, c'est le besoin d'une politique globale, résolue, partenariale avec tous les pays concernés, qu'ils soient voisins, d'origine ou de transit.