La réflexion que vous venez de développer rejoint une préoccupation exposée par plusieurs participants lors du dîner qui s'est déroulé à l'occasion du Conseil. On peut en effet juger une situation faite d'ambiguïté, voire empreinte d'hypocrisie, inconfortable et peu satisfaisante d'un point de vue intellectuel, moral et politique. Et d'aucuns souhaiteraient en effet en sortir pour aller vers un partenariat privilégié, qui constituerait l'alternative à l'adhésion et qui figurait d'ailleurs en tant qu'option alternative dans les décisions prises lors du lancement du processus d'adhésion. Mais pour ce faire, il faudrait prendre la décision à deux, de concert. Or l'état actuel de la situation laisse au contraire penser que le Président Erdogan attend que l'Union prenne l'initiative d'une rupture unilatérale avec son pays. Je mesure bien que la formule célèbre du cardinal de Retz, « on ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment », à laquelle les diplomates sont attachés, a l'inconvénient de nous installer dans une situation inconfortable qui n'est ni satisfaisante, ni durable. Dans l'immédiat, la majorité des participants à la discussion a néanmoins considéré qu'il convenait de rester en deçà de ce qui serait perçu comme une décision unilatérale de rupture de la part de l'Union.