Les sites IDEX sont des constructions récentes et l'on ne pensait pas, lors de leur lancement en 2008, qu'ils mettraient autant de temps à converger. S'il est trop tôt pour disposer d'évaluations claires, l'on a constaté un vrai pouvoir d'attraction en faveur de la collaboration entre les universités et les acteurs du privé ; néanmoins, il est trop tôt pour savoir si ce dispositif est productif et s'il se traduit par des collaborations, des brevets et de la valeur ajoutée. Les LABEX ont un bon bilan et se sont mis en place assez rapidement, tandis que les processus pour les IDEX, dominés par la politique, sont beaucoup plus compliqués.
La France est attendue sur le sujet de l'éthique de la recherche et présente une valeur ajoutée. Des dispositions sur l'intégrité de la recherche et de la bioéthique ont été adoptées, tandis que des réflexions importantes sont conduites sur ce sujet, comme les contributions du sénateur Claude Huriet, par exemple. Le comité consultatif national d'éthique, dirigé par le professeur Delfraissy – qui se dote d'une nouvelle chambre liée à l'intelligence artificielle–, est une instance reconnue et respectée. De façon générale, la France a une carte à jouer en la matière.
Nous ne sommes pas assez actifs s'agissant de la culture scientifique afin d'intéresser le public, et notamment les jeunes, aux sciences et à la recherche. Ce n'est pas par manque de grandes institutions, mais plutôt une question culturelle. J'ai pu voir à quel point la valorisation de la recherche auprès du public n'est pas reconnue dans la carrière des universitaires.
S'agissant de la féminisation de la recherche, bien sûr, nous avons besoin de tous les cerveaux ; le problème est là aussi essentiellement culturel, et l'engagement des jeunes femmes dans les carrières scientifiques peut fortement varier d'un pays à l'autre. Nous constatons aussi que les clichés ont la vie dure et se renforcent plus qu'ils ne reculent. Nous devons intervenir activement pour y remédier, en jouant sur plusieurs tableaux. On parle souvent des role models, en mettant en avant les femmes qui ont fait de grandes carrières scientifiques mais cela ne s'avère en pratique pas très efficace. Les accompagnements de proximité, avec des tutorats par exemple, sont plus probants, de même que la fixation d'objectifs de participation féminine dans les concours de science, d'informatique ou autres, afin de faciliter la participation des jeunes femmes. Ce que nous appelions parfois « discrimination positive » a été écarté par le passé mais revient aujourd'hui et peut être envisagé comme une solution pragmatique.