Intervention de Sébastien Jumel

Réunion du mercredi 23 octobre 2019 à 14h00
Mission d'information sur l'incendie d'un site industriel à rouen

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

D'abord une précaution oratoire qui n'est pas de pure forme. J'ai grandi à Caucriauville, poussé à Gonfreville-L'Orcher, été maire de Dieppe. Autant dire que la cohabitation avec le tissu industriel est consubstantielle à mon identité.

Deuxième précaution oratoire, je milite pour un Etat fort, pour un Etat qui a les moyens de sa politique. Jamais vous ne verrez chez nous des adversaires de l'État ni de ses représentants. J'ai même eu l'occasion de le dire récemment lorsqu'il s'est agi de trouver un bouc émissaire à cette catastrophe écologique, sanitaire et environnementale, même si vous avez semblé, monsieur le directeur régional, minimiser l'impact si on compare avec AZF. Mais comparaison n'est pas raison, puisqu'au bout du compte, c'est le sentiment qu'ont les habitants et l'émotion suscitée qui importent.

Passé ces deux précautions oratoires, j'ai plusieurs questions précises. Vous dites avoir été assez rapidement en situation de modéliser le nuage, sa grosseur, son épaisseur, sa composition, en tout cas pour ce qui concernait les produits issus de Lubrizol. Il me semble que les choses ont été plus compliquées.

Pourquoi à partir du moment où on avait modélisé le nuage et que l'on avait connaissance des vents au bout du compte, n'a-t-on pas été en situation, dans la gestion de crise, d'informer les maires concernés par le parcours, le sillon du nuage ?

Je dis cela évidemment en ayant la préoccupation des communes traversées par ce nuage, notamment les maires et les agriculteurs de celles qui se situent au nord du département semblent avoir été tardivement informés.

Je prolonge ma question. Dans la gestion de crise, n'y a-t-il pas quelque chose à réfléchir sur l'impérieuse nécessité de considérer que les maires sont le pivot, le lien indispensable entre les habitants, la population et l'État ? Il me semble avoir compris cela dans les propos du Président de la République, lorsqu'il a organisé le grand débat, mais peut-être ai-je mal compris.

Indépendamment de Lubrizol, je découvre le projet de centralisation des moyens du plan POLAM. Il faut renoncer à cette mauvaise idée. La Normandie, dans sa dimension économique, industrielle et portuaire justifie qu'on garde une sécurité telle que POLMAR. Si à la faveur de Lubrizol, vous renonciez à ce mauvais projet, ce sera de bon aloi.

En termes d'urbanisme, monsieur le directeur de la DDTM, si c'était à refaire, l'opportunité de l'écoquartier Flaubert, à proximité de Lubrizol, serait-elle validée ? Quelques-uns des élus de ma sensibilité avaient exprimé des réserves là-dessus.

Enfin, pour ne pas être trop long, une dernière question de fond. Je prends conscience, en la posant, que la réponse est compliquée. J'ai beaucoup de respect pour vous, d'autant plus que nous nous connaissons. Je sais à quel point vous êtes attentif aux territoires et aux côtés des acteurs du territoire. Je mesure tout de même que la parole publique est profondément abîmée, d'une manière générale, à la faveur de Lubrizol. Elle n'a pas été crue, ce que nous pouvons regretter en tant que républicains, parce que ce n'est jamais satisfaisant quand la parole des représentants de l'État n'est pas consolidée. Quelles pistes d'optimisation de la vulgarisation de la communication de la parole publique sont envisagées pour une crise aussi importante que celle-ci ?

Je l'ai dit quand il s'est agi de dénoncer, comme député de la circonscription, la république numérique qui renvoie sur le site de la sous-préfecture ceux qui recherchent les 280 fiches techniques, j'ai eu moi-même un déficit de connexion lorsque j'ai tenté de joindre celui de , France Bleu pour savoir ce qui se passait chez moi et informer les habitants ou répondre aux maires de ma circonscription.

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