Intervention de Patrice Berg

Réunion du mercredi 23 octobre 2019 à 14h00
Mission d'information sur l'incendie d'un site industriel à rouen

Patrice Berg, Directeur régional de la DREAL Normandie :

L'amiante est un sujet très important. Cela fait partie de la surveillance environnementale déployée. Nous pouvons souligner, en un mot, qu'à ce stade, tous les résultats sont satisfaisants. C'est également un point que je me permets de souligner devant vous.

Les recherches de substances faites dans l'environnement l'ont été sur la qualité de l'air, de l'eau, de l'eau potable et de celle qui ne l'est pas, par Eau et Nature, sur le contenu des suies, sur les contenus en matière de dioxines et sur l'amiante.

L'amiante est un sujet qui intervient à trois niveaux différents, dans cet accident. Les toitures en fibrociment des différents entrepôts ont-elles projeté dans l'air des fibres d'amiante à un niveau inquiétant pour la santé humaine ? La réponse est non. Nous avons fait trois campagnes de prélèvements de fibres d'amiante dans l'air. Une première immédiatement, dans un périmètre de 300 mètres autour des deux sites. La deuxième dans un périmètre de 15 kilomètres, dans la direction du panache, jusque sur les hauts de Rouen. Et la troisième, par mesure de sécurité dans un périmètre de 800 mètres.

Toutes ces campagnes montrent des chiffres dont les intervalles de confiance, sont entre 0 et 3 fibres d'amiante par litre d'air ou, au plus, entre 0 et 4,8. Le seuil au-delà duquel un maître d'ouvrage propriétaire d'un bâtiment amianté, doit le désamianter dans les trois ans qui suivent le dépassement du seuil, est de cinq fibres d'amiante par litre d'air. C'est une réglementation applicable à l'intérieur des bâtiments, lorsqu'il y a de l'amiante friable.

Les résultats des prélèvements montrent que l'incendie n'a pas diffusé de fibre d'amiante dans l'air. C'est cohérent avec le constat fait par un expert de l'institut national de l'environnement industriel et de risques (INERIS), venu sur site le lundi, pour examiner les toitures en fibrociment et de Lubrizol et de Normandie Logistique. Il nous a produit une expertise, indiquant que ces toitures n'ont pas brûlé de manière massive, ce qui aurait pu être été dangereux, mais qu'elles se sont effondrées. Ce sont les explosions de certains fûts qui les ont fragmentées et qui ont projeté des morceaux et c'est le deuxième sujet. Le mouvement ascensionnel du panache et sa force portante ont diffusé ces fragments de fibrociment. Un dispositif a été mis en place pour les récupérer. Nous avons invité Lubrizol à plusieurs reprises à l'améliorer. Les particuliers et les entreprises mobilisent par un numéro vert une entreprise qui vient enlever ces morceaux de fibrociment. Les collectivités s'adressent directement à l'entreprise.

Enfin, un troisième sujet nous est commun avec mon collègue de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (DIRECCTE). C'est la protection des travailleurs de Lubrizol, de Normandie Logistique ou des prestataires qu'ils mobilisent par rapport au risque posé par l'amiante. Les restes des différents hangars qui ont brûlé comportent effectivement des fragments de toiture en fibrociment. L'enlèvement de ces déchets calcinés doit se faire dans le respect des protocoles de protection des travailleurs contre le risque d'amiante.

À ce stade, l'ensemble des prélèvements faits dans l'air montre que cet incendie n'a pas projeté de fibres d'amiante dans l'agglomération rouennaise ni au-delà

Nous avons recherché des dioxines dans les suies. Aucune n'a été identifiée en relation avec cet incendie. Nous avons recherché les métaux. Aucun métal n'a été identifié en relation avec cet incendie. Atmo Normandie nous a indiqué, quelques jours après l'incendie, que des odeurs signalaient des projections de zinc, de phosphore et de soufre dans l'atmosphère. Ce sont trois produits présents dans les différentes matières premières qu'utilise Lubrizol.

L'eau est potable. La surveillance environnementale se déploie. Elle réside sur un arrêté du 14 octobre qui est extrêmement complet. Nous allons faire une surveillance dans les semaines, pour vérifier la présence de ces substances, même à des doses faibles. Si on en trouvait, qui soient susceptibles d'avoir des impacts de long terme sur la santé, on mettrait en place la surveillance appropriée.

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