Intervention de Christine Gavini-Chevet

Réunion du mercredi 6 novembre 2019 à 15h40
Mission d'information sur l'incendie d'un site industriel à rouen

Christine Gavini-Chevet, rectrice de l'académie de Caen :

Je vais concentrer cette première intervention sur les premiers jours de la crise parce que cela correspond déjà aux questions que vous venez de me poser.

Ces premiers jours, c'est du jeudi jusqu'au lundi, c'est-à-dire de la fermeture des écoles jusqu'à la réouverture des écoles le lundi matin. Je vais présenter cette intervention en trois points. Le premier est la chaîne d'alerte, ce fameux jeudi 26 septembre quand nous avons été alertés et comment nous avons pu alerter les écoles, les collèges et les lycées. Ensuite, la gestion de la crise de la fermeture des écoles ce jeudi jusqu'au lundi matin et l'opération de nettoyage. Enfin, comme vous me l'avez demandé, des points forts et des faiblesses et surtout des pistes d'amélioration.

Le 26, la chaîne d'alerte se met en place à partir de 6 heures 45. L'Éducation nationale est présente au centre opérationnel départemental à partir de 6 heures 15 pour être exact, à travers le secrétaire général du rectorat de Rouen. À partir de là, nous avons une excellente connexion entre le COD, le rectorat et la direction des services départementaux de l'éducation nationale (DSDEN), où se trouve l'inspecteur d'académie. Je rappelle, puisque cela a été demandé, que la chaîne de commandement en cas de crise est simple. C'est une chaîne de commandement départementale sous l'autorité du préfet de département, en l'occurrence ici le préfet de région également, et à la manoeuvre, l'inspecteur d'académie des directeurs académiques des services de l'Éducation nationale (DASEN), mais avec une cellule de crise également académique où se trouve la rectrice qui copilote la crise. En général, le recteur a une fonction un peu différente de celle de l'IA-DASEN, qui est dans une fonction plus opérationnelle. Nous avons mis en place cette cellule de crise aux alentours de 8 heures après les premières alertes, les premiers débuts d'action, avec une cellule de crise en trois points pour tenir compte de la particularité de notre académie actuelle qui comporte deux sites : Caen et Rouen, avec DSDEN, un rectorat de Rouen, un rectorat de Caen, sur la journée du jeudi. À partir de la journée du vendredi, il n'y avait plus qu'une seule cellule académique au rectorat de Rouen.

À partir de 6 heures 45, l'Éducation nationale a mis tout en place pour prévenir écoles, collèges, lycées et les établissements d'enseignement supérieur dans le périmètre des 12 communes, le périmètre défini par le préfet comme étant le périmètre sur lequel les écoles doivent fermer. Je rappelle que la consigne du préfet à ce moment-là, c'est la fermeture des écoles et la mise à l'abri. On ne parle pas de confinement. Il s'agit bien d'une mise à l'abri des enfants. Les enfants qui se seraient présentés aux portes des écoles devaient être accueillis et travailler à l'intérieur de l'enceinte de l'école.

Dès 8 heures 30, le préfet avait établi qu'il n'y avait pas de toxicité aiguë pour la population. Il ne s'agissait pas de confiner ou d'évacuer, mais bien de protéger les enfants. Nous avons, à partir de 6 heures 45, appelé les inspecteurs de circonscription. Vous connaissez notre organisation, là c'est la DSDEN qui effectue ce travail. Le rectorat appelle les établissements, c'est-à-dire les collèges, les lycées, ainsi que les établissements d'enseignement supérieur ; la répartition habituelle de notre travail. Le message est transmis d'abord par téléphone et c'est le même message que celui de la préfecture. Nous relayons donc le message de la préfecture. Les établissements sont fermés, les élèves sont mis à l'abri. Les inspecteurs de circonscription relaient cette information aux écoles jusqu'à 8 heures 25 environ. A 8 heures 27, nous faisons envoyer par la DSDEN un courriel pour doubler cette alerte téléphonique. Enfin, à 8 heures 58, nous avons ce fameux SMS qui aurait dû arriver plus tôt. Je vais revenir sur ce point dans les points d'amélioration. Nous envoyons un SMS à l'ensemble des sites scolaires. Nous sommes à ce moment-là à 112 sites scolaires concernés dans 12 communes, et nous leur envoyons un message identique à celui que j'ai indiqué ; assurer l'accueil des élèves, les mettre à l'abri et fermer les établissements. Nous avons communiqué également, à travers la DSDEN, avec les directeurs diocésains pour ce qui concerne l'enseignement privé.

Dans l'après-midi, la DSDEN a demandé aux inspecteurs de faire le relais auprès des maires et c'est peut-être cela qui a pu susciter de l'incompréhension puisque nous sentions bien qu'il fallait trouver des canaux pour communiquer avec la population de parents d'élèves et nous avons demandé aux maires s'ils pouvaient entrer en contact avec les parents pour leur exposer la situation et les mesures qui avaient été prises. Effectivement, certains maires ont pu se trouver dans la difficulté.

Nous avons également fait un lien avec le CROUS pour faire en sorte de vérifier que tous les étudiants étaient bien mis à l'abri, ce qui a été le cas. La directrice du CROUS nous a assuré que dans chaque unité de logement du CROUS, il y avait bien un responsable présent pour s'occuper des étudiants qui étaient non pas confinés, mais mis à l'abri pendant cette période.

Enfin à 8 heures 20, nous commençons à essayer de communiquer avec la population, cette fois, le grand public, via les réseaux sociaux et les sites web académiques et départementaux. Le message que nous relayons, c'est le message de la préfecture. C'est un message très simple, très clair, mais un peu institutionnel.

Ainsi, à la situation à 9 heures, tous les sites scolaires ont été prévenus, les 112 sites. Cette communication a été doublée d'un SMS. Tout de suite après, nous faisons un point. Aucun enfant n'a été mis en danger pendant cette période. Aucun enfant ne s'est trouvé à la porte d'une école ou d'un établissement fermé et c'était cela qui était le plus important. À 9 heures, nous pouvons dire qu'il n'y a pas de mise en danger des élèves. Nous avons pu contrôler la situation.

À partir de là arrive la deuxième phase, qui commence à peu près à 15 heures lorsque nous savons que le feu a été éteint. Le préfet a fait état de cette situation. Il nous expose le fait que le nuage se dilue au-delà des 22 kilomètres qui étaient l'étendue du nuage au départ. Cette dilution est suffisante pour qu'il n'y ait pas de danger pour les populations. Mais par principe de précaution, le préfet émet un message protection des personnes fragiles parmi lesquelles bien sûr les personnes âgées, mais aussi les enfants. Nous sommes donc concernés. Ce message est passé à 14 heures 22. Le préfet a également communiqué aux maires la possibilité, hors des 12 communes, de fermer les écoles s'ils le souhaitent, c'est à l'appréciation des maires. C'est cette question qui s'est posée à certains maires hors des 12 communes.

Par ailleurs, du jeudi 26 au dimanche 29 au soir, les services de l'Éducation nationale, rectorat et DSDEN, engagent une grande opération pour superviser le nettoyage de ses écoles, collèges, lycées, également établissements d'enseignement supérieur. Progressivement, nous allons passer du périmètre de 110 sites au départ à un périmètre de 225 sites scolaires qui vont être nettoyés durant le week-end entre le vendredi et le dimanche soir. Nous avons supervisé ce nettoyage effectué par les collectivités territoriales et, pour les écoles privées, sous la responsabilité du directeur diocésain, par les directeurs d'école eux-mêmes.

Entre-temps, l'Agence Régionale de Santé (ARS) – c'est très important – émet des recommandations pour le nettoyage des suies dans les logements et leur environnement. L'Éducation nationale s'appuie sur ce protocole pour le nettoyage des sites scolaires. Le protocole, je crois que vous le connaissez. Il indique qu'il faut nettoyer à l'eau, etc. Nous demandons à chacune des collectivités territoriales de respecter ce protocole, de superviser le nettoyage et de nous indiquer où ils en sont. Il va commencer un comptage très long commune par commune, école par commune, pour savoir si le nettoyage a été fait. C'est ce qui se produit. À ce moment-là, l'ARS a quand même insisté, et cela nous a beaucoup rassuré, sur le fait que la pollution qu'il s'agit d'éliminer est visible. Ce sont des suies. Il faut simplement les nettoyer. La recommandation que nous donnons est également que les suies ne soient pas touchées parce qu'elles peuvent produire des irritations, et qu'elles ne soient pas ingérées.

Dans le même temps, les services de l'Éducation nationale ont essayé de continuer à donner le plus d'informations possible et à rassurer l'ensemble des parents, des enseignants, des personnels de direction, et les personnels du rectorat qui ont aussi manifesté, bien sûr, des inquiétudes. Nous avons aussi engagé un début de dialogue social et j'y reviendrai. Nous avons aussi travaillé sur les directeurs et présidents d'établissements d'enseignement supérieur.

À 15 heures, la décision est prise par le préfet et moi-même de fermer à nouveau les établissements, les sites scolaires d'Enseignement supérieur le 27 et le 28, de façon à pouvoir orchestrer cette opération de nettoyage.

Nous avons communiqué aux différents publics à différentes reprises pendant le week-end. Je ne vais peut-être pas égrainer les moments, mais il y a eu au moins une dizaine de moments de communication différents, avec deux moments forts, bien entendu, qui sont la visite du ministre le vendredi après-midi. Le ministre a pris la parole vers 14 heures pour indiquer que le nettoyage des sites scolaires était en cours et qu'ils pourraient rouvrir lundi s'ils avaient été nettoyés. J'ai moi-même fait une conférence de presse le dimanche 29 avec tous les médias locaux et nationaux, où j'ai relayé cette information. J'ai donné l'état d'avancement. Il y a eu beaucoup de questions, portant bien sûr sur la nocivité des suies, sur le droit de retrait pour les enseignants, sur les mesures de nettoyage. J'étais accompagnée, dans cette conférence, par le maire de Rouen, par l'IA-DASEN et par l'ARS, qui pouvait communiquer des informations aux médias sur les questions sanitaires. Dans le même temps, nous avons orchestré un début de dialogue social à travers des appels téléphoniques aux organisations représentatives du premier degré, faits par la DSDEN. De notre côté, au niveau du rectorat, des appels téléphoniques au secrétaire académique du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), toujours dans une répartition classique de nos responsabilités. Nous passons des consignes aux agents du rectorat. Nous leur demandons de consulter un médecin s'ils ont des symptômes, notamment les symptômes bien connus occasionnés par les odeurs incommodantes, et bien sûr de ventiler les bureaux. Nous convoquons un CHSCT départemental et un CHSCT académique le même jour, le lundi 30 septembre, pour pouvoir donner aux organisations représentatives un état des lieux. Le lundi après-midi, nous avons donc tenu deux CHSCT.

Dans le même temps, nous avons mis en place une cellule d'information et d'écoute à destination des parents d'élèves et des personnels. Cette cellule d'information mise en place à partir du 27 septembre sera ouverte jusqu'au 4 octobre et recueillera d'assez nombreux appels. La première journée, 150 appels ont été recensés.

Nous avons également mis en place un protocole médical et un protocole pédagogique. Le protocole médical a été orchestré le dimanche à travers mes conseillères techniques académiques médecins, la conseillère technique médecin de la DSDEN et les conseillères techniques infirmières, qui ont créé un protocole. C'est ce protocole qui va permettre, à partir du lundi, que des infirmières et des médecins scolaires soient positionnés dans toutes les circonscriptions pour qu'à la demande des écoles, des collèges et des lycées, il puisse y avoir une intervention médicale dès qu'un élève a des difficultés, ce qui s'est passé à partir de ce lundi. Dès le mardi matin, nous nous sommes aperçus qu'elles étaient assez peu sollicitées. Nous avons néanmoins souhaité renforcer le dispositif en mettant les infirmières directement dans les écoles. Elles ont fait des rondes en quelque sorte pour vérifier que les élèves n'étaient pas incommodés. Effectivement, il y a eu pas mal de visites concernant des élèves incommodés, de la toux, des vomissements.

Un protocole pédagogique a aussi été mis en place pour le retour des élèves en classe, c'est-à-dire le lundi matin. Nous avons souhaité que les élèves soient accueillis par des professeurs qui puissent parler de ce qui s'était passé. Vous avez évoqué cette question, je crois qu'elle est très importante. Il pouvait y avoir des enfants qui avaient été choqués par les images d'un feu particulièrement impressionnant et par la fermeture de leur école pendant deux jours. Ce n'est pas anodin. Fermer deux jours, c'est assez rare. Le protocole a été mis en place également par des professeurs et pour les professeurs.

L'Enseignement supérieur est une caractéristique particulière puisqu'il s'agit d'étudiants, d'adultes. Nous ne sommes plus autant dans le registre de la protection des populations fragiles. Le jeudi 27 après-midi, le président de l'université de Rouen a demandé au préfet et à moi-même de rouvrir l'Université. Nous en avons parlé avec M. le préfet et nous avons trouvé que c'était possible dans la mesure où il ne s'agissait pas de populations fragiles. L'Université de Rouen a été rouverte le vendredi 28, avec cependant un absentéisme important ce jour-là.

Le dimanche, j'ai organisé une réunion avec tous les chefs d'établissements d'enseignement supérieur pour faire le point sur les fermetures puisque les différents établissements – j'ai pris les établissements du périmètre de la communauté d'universités et établissements (COMUE) – avaient parfois fermé, parfois non, étaient déjà nettoyé ou pas encore. Nous avons fait un point complet pour que tout le monde soit à peu près « calé » pour un retour à la normale le lundi matin et avec un travail concernant les laboratoires de recherche pour savoir s'ils avaient pu être affectés d'une quelconque manière par la pollution, mais ce n'était pas le cas. Il n'y avait pas de problème particulier sur nos labos.

Ce dimanche 29, nous avons pu vérifier que toutes les communes, toutes les écoles, tous les collèges, tous les lycées avaient mis en oeuvre le nettoyage. Il restait une dernière école à 18 heures 30, nous avons attendu que le maire puisse nous affirmer que le nettoyage avait bien été fait et nous avons pu indiquer sur les deux sites académiques et notre compte Twitter que les écoles avaient été nettoyées et pourraient ouvrir le lundi matin.

En réalité, sur les 225 sites scolaires, seulement 33 écoles publiques, 8 écoles privées et 7 collèges présentaient des traces de suie. Ailleurs, il y a eu des vérifications, mais il n'y avait pas de traces. Lundi matin, nous rouvrons. La présence d'infirmières est dans chaque circonscription. Des difficultés sont signalées : des élèves qui sont incommodés dans certains cas, mais aucune hospitalisation d'élèves, des professeurs, des directeurs d'école qui se sentent mal. Les odeurs, l'inquiétude est également très marquée. Je précise aussi que les activités d'éducation physique et sportive (EPS) étaient rendues impraticables. En effet, j'avais donné une instruction ferme de ne pas pratiquer l'EPS en dehors des enceintes des établissements et des écoles puisque je n'avais pas la garantie que les autres installations avaient été nettoyées. Ce que j'avais demandé aux collectivités, et Dieu sait que c'était déjà beaucoup, c'était de nettoyer les écoles, pas forcément les installations sportives hors des écoles. Nous avions des professeurs d'EPS qui devaient garder les élèves dans les cours, les préaux, et c'était assez difficile. Nous avons mis une semaine ensuite pour pouvoir obtenir le nettoyage des autres installations sportives.

Nous avons aussi des statistiques d'absentéisme : 8,5 % des élèves en premier degré et 4,9 % des élèves en second degré étaient absents le lundi. Au cours de la période et jusqu'à la Toussaint, nous avons eu un absentéisme un peu supérieur à la moyenne, qui était dû sans doute à une inquiétude des parents.

J'arrive maintenant à la question des forces et des faiblesses telles que nous pouvons les appréhender dans cette gestion de crise. J'ai repéré quatre enjeux : la gestion de crise proprement dite et l'accompagnement médical pédagogique, la communication avec les populations, le dialogue social et les relations avec les élus et les collectivités territoriales. Au cours de cette vaste opération de nettoyage, nous avons vraiment eu un très bon contact. Nous avons eu des contacts permanents avec les collectivités, communes, départements et régions. Rien n'aurait pu se faire sans les élus qui ont pris à bras-le-corps la question de cette pollution et du nettoyage.

Dans les points forts que j'ai repérés, c'était justement l'excellente relation que nous avons eue avec les élus, ce qui n'empêche pas bien sûr des critiques que je connais de la part de certains élus, mais globalement, nous avons été très heureux de la façon dont ils avaient très vite réagi à nos demandes. Une très bonne coordination de notre point de vue entre la préfecture, l'ARS et nos services via le COD, mais après, en dehors du COD, une fluidité totale de relations entre nous, qui étaient très importantes. Une très bonne articulation entre les deux cellules de crise, rectorat et cellules de crise départementales. Un travail assez complet entre la gestion de crise, la communication, le médical, le pédagogique. Nous avons essayé vraiment de penser à tout. J'ai oublié de citer le cas des internes. Nous avons tout de suite travaillé sur les internes. Nous avons aussi travaillé sur les sorties scolaires tout de suite, en essayant de vérifier que nos élèves n'étaient pas en dehors de leurs écoles.

Les points à améliorer existent, ils sont clairs, vous les avez cités. C'est particulièrement cette chaîne d'alerte. Nous estimons qu'elle n'a pas été assez rapide puisqu'elle s'est déroulée entre 6 heures 45 et 8 heures 30, avec un SMS qui part trop tard. Cela va un petit peu avec ; elle est hétérogène parce que nous passons par le canal des inspecteurs de circonscription qui relayent à des heures différentes et peut-être parfois des messages qui ne sont pas exactement les mêmes puisque c'est un message humain et que chacun interprète la consigne, et c'est tout à fait normal. Nous voyons bien là un point d'amélioration dans la communication rapide, sachant que nous sommes sur une crise d'un type assez différent des exercices que nous menons chaque année, qui sont souvent sur des périmètres plus restreints et où la chaîne d'alerte est plus courte. Là, nous avons pu constater qu'il y avait une difficulté lorsque les périmètres sont non seulement importants, mais changeants. Cela allonge la chaîne d'alerte, il faut donc que nous travaillions sur ce sujet. Je rappelle que la communication a été très rapide et très efficace avec les établissements publics locaux d'enseignement (EPLE), collèges, lycées, et les établissements d'enseignement supérieur, mais plus lente avec les écoles pour des raisons que vous connaissez bien, qui sont liées au fait que les directeurs d'école ne sont pas logés. Un certain nombre d'entre eux ne communiquent pas leur numéro de téléphone parce que ce sont des téléphones personnels. Donc la communication est plus lente. Nous réfléchissons à une façon d'améliorer cette communication. J'ai beaucoup discuté avec certains directeurs d'école que j'ai rencontrés par la suite sur d'autres sujets qui sont venus après. Certains m'ont dit : « J'ai regardé mes mails », alors que ce n'est pas la procédure, parce que la procédure c'est le SMS, le téléphone. On s'aperçoit que l'on aurait pu aussi travailler immédiatement par mail, en tout cas doubler la communication téléphonique avec un mail. Nous pouvons travailler sur cela. Il faut que nous travaillions sur nos exercices. Vous avez cité les PPMS, il y en a un qui est prévu le 19 novembre. Nous avons décalé celui du 15 octobre parce que nous savions que les chefs d'établissement avaient été mis à rude épreuve, ainsi que les collectivités, mais nous l'avons conservé celui du 19. Dans l'Eure, il y aura un PPMS complet. En Seine-Maritime, nous allons faire simplement un test de chaîne d'alerte et nous allons trouver des moyens d'aller plus vite. Il y aura également un PPMS complet, réalisé au niveau de la région académique cette fois en 2020. C'est une décision que nous avons prise avec le préfet.

Nous avons eu aussi une difficulté au niveau du repérage parce que pour envoyer ce fameux SMS, il faut trouver les numéros de téléphone de ces fameux inspecteurs et directeurs d'école. Pour cela, nous avons un outil académique qui s'appelle « Cartocrise », qui permet de lister les numéros de téléphone. À cette occasion, nous nous sommes rendu compte que techniquement, l'outil n'est pas au point. Nous avons décidé d'abandonner cette solution pour aller vers une autre solution technique qui existe dans d'autres académies. Nous allons faire une sorte de parangonnage pour avoir un meilleur outil.

Ensuite, je crois que l'autre question que vous m'avez posée portait sur la communication avec les maires. Effectivement, je crois que le point le plus difficile pour tous les services de l'État a été la question des « effets frontière ». J'ai bien les communes en tête. La question, c'est que la décision qu'a prise le préfet était liée au déploiement de l'incendie au sens des vents, et que les communes qui n'étaient pas sous le nuage, dont il avait fait un calcul très précis, n'ont pas été soumises à une fermeture des écoles. Mais l'après-midi, nous avons dit « libre à vous ». Là, effectivement, pour un maire, je peux comprendre qu'il y ait une difficulté, un choix difficile à opérer. Beaucoup de maires ont fait le choix de fermer ; nous passons ainsi de 110 à 225 dans l'après-midi du jeudi. Il y a sans doute un travail à faire pour mieux communiquer avec les maires sur des périmètres larges, ce qui veut dire que nous avons beaucoup de maires à contacter. Et comment discute-t-on avec eux ? Notre solution qui était de passer par l'inspecteur, qui est la voie classique dans l'Éducation nationale, nous voyons bien qu'elle est perfectible et que peut-être il faut encore travailler cette solution, notamment avec nos inspecteurs de circonscription, pour mieux les préparer à aider les maires dans ce type de décision.

Également, nous avons sans doute communiqué d'une façon institutionnelle. Nous avons cherché à informer et à rassurer. J'ai essayé de rassurer dans ma conférence de presse. Notre communication a été jugée souvent institutionnelle et je crois que nous avons un effort à faire sur la maîtrise des réseaux sociaux, ce qui est extrêmement difficile. On voyait bien que les messages circulaient sur les réseaux étaient en partie de fausses informations. Nous aurions sans doute dû travailler davantage pour savoir comment répondre lorsqu'une fausse information est diffusée. Nous savons que c'est un exercice difficile puisqu'il s'agit toujours d'informer sur des faits avérés. Nous réfléchissons aussi sur ce travail.

Sur le suivi épidémiologique, c'est quelque chose à laquelle nous avons pensé tout de suite. La réponse est venue de l'ARS puisqu'elle fait une enquête en population générale à partir de mars 2020. Dans cette enquête, elle va interroger les conséquences pour les enfants. Nous avions imaginé une convention spécifique pour nos élèves, mais à travers cette enquête, nous allons avoir des données pour nos élèves. Ce suivi épidémiologique sera fait. Ce qui n'empêchera pas, comme vous l'avez suggéré et qui me semble très intéressant, de retravailler avec les médecins scolaires sur ces questions-là.

La question du fibrociment est venue quelques jours après, le jeudi 3 octobre, puisque le préfet et l'ARS se sont rendu compte que des débris d'amiante étaient retombés. À ce moment-là s'est posée la question de leur évacuation des écoles, particulièrement des cours. Il y a eu, en réalité, très peu de fibrociment dans les cours. Un protocole de nettoyage a été mis en place par la préfecture et par l'ARS, que nous avons bien entendu communiqué à l'ensemble des sites scolaires pour que, s'ils repéraient du fibrociment, un nettoyage de l'école en bonne et due forme puisse être fait, qu'il y ait donc un nettoyage spécial. Ce n'est pas un nettoyage, en fait, c'est une récupération du fibrociment dans des conditions particulières par une société spécialisée.

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