Le mode de propulsion privilégié pour les satellites du futur est effectivement la propulsion électrique, ce qui implique un changement du design au niveau des lanceurs, afin de pouvoir optimiser la trajectoire sur laquelle ces satellites sont placés et minimiser la durée de mise à poste. De ce point de vue, le fait que l'étage supérieur du lanceur Ariane 6 soit réallumable, contrairement à celui d'Ariane 5, est une très bonne nouvelle, car ceci permettra justement d'optimiser la trajectoire.
L'autre conséquence de la propulsion électrique est que, toutes choses égales par ailleurs, la masse des satellites va être fortement réduite. Jusqu'à une période récente, la moitié environ de la masse des satellites à propulsion chimique était constituée du carburant nécessaire essentiellement pour effectuer la mission de mise à poste ; étant donné l'efficacité beaucoup plus grande de la propulsion électrique, ceci va permettre de diviser quasiment par deux la masse d'un satellite pour la même mission. Les besoins en termes de capacité d'emport sont donc susceptibles de changer : un lanceur capable de lancer des satellites de 6 tonnes pourra, demain, avec une performance deux fois inférieure, lancer à peu près les mêmes satellites.
La troisième évolution sur laquelle il convient de s'interroger dans l'optique de la préparation du futur lanceur européen est le développement des constellations, qui peut changer potentiellement le besoin et le faire passer de la plus grande masse d'emport disponible au plus grand volume disponible sous la coiffe. Les satellites lancés en orbite basse le sont par grappe, et non par satellite unique, vers une trajectoire de transfert vers l'orbite géostationnaire. L'élément limitant dans la performance du lanceur est alors moins la masse des satellites que le volume disponible : il faut faire entrer le plus de satellites possible sous la coiffe.