Intervention de Général Thierry Burkhard

Réunion du mercredi 2 octobre 2019 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Thierry Burkhard, chef d'état-major de l'armée de Terre :

En effet !

Un cadre civil à qui l'on proposera dix séquences dans l'année sera sans doute plus intéressé que celui à qui l'on proposera une unique formation de quinze jours.

Un allégement de la charge rendra les choses plus opérationnelles. Combien cela coûtera-t-il ? Une partie de la réponse repose sur les modalités d'organisation, qui changeront considérablement la donne.

Mme Aude Bono-Vandorme, pour l'armée de Terre, l'utilisation des drones dépend de la profondeur d'engagement souhaité et du type de renseignements recherché. Vous l'avez bien compris, le Patroller ira plus loin que le nano-drone, qui vole à cinquante mètres du sol et dont l'objectif est de voir ce qui se passe entre 50 et 500 mètres. Le Patroller, lui, ira à plus de 150 kilomètres avec une très grande autonomie.

Le programme Scorpion, là encore, confèrera un avantage assez important. Auparavant, les processus étaient assez segmentés, les renseignements stratégiques restaient souvent au niveau stratégique même s'ils intéressaient les niveaux tactique ou opératif. Ce que verra le Patroller sera partagé avec le bataillon en première ligne. Il disposera donc certainement de renseignements utiles sur l'ennemi, des éléments que nous pouvons connaître aujourd'hui mais qui ne profitent pas encore suffisamment à l'échelon tactique.

Je l'ai dit, la formation mais aussi la coordination dans le ciel sont capitales. Je ne suis pas inquiet sur ce deuxième point. Un autre retour d'expérience de Mossoul montre, en effet, que des coordinations de plus en plus complexes sont possibles – je songe à l'utilisation de la Strike Cell, qui gère un grand nombre de patrouilles aériennes, d'hélicoptères, de drones, des trajectoires d'obus et les tirs de roquettes. Nous savons déjà travailler ainsi avec l'armée de l'air.

S'agissant de la formation, il convient de faire preuve de pragmatisme. Le métier d'un pilote de Patroller sera à peu près identique à celui d'un pilote de Reaper. Concernant le Black Hornet, on ne parlera d'ailleurs pas de pilote. L'opérateur sera un combattant qui utilisera ponctuellement un drone tiré de son sac à dos !

On ne va donc pas entreprendre de former au même endroit tous les pilotes de drone, du nano-drone au drone MALE, mais il y a là, effectivement, un segment haut auquel il faut réfléchir pour trouver les meilleures synergies. L'armée de l'air et l'armée de Terre devront nécessairement partager leurs visions. Je comprends que l'armée de l'air, par construction, considère les pilotes de drones comme des pilotes à part entière, très autonomes dans leur cabine. L'armée de Terre, pour sa part, du fait de sa culture, estime que le pilote de Patroller est totalement intégré à la manoeuvre se déroulant au sol avec laquelle, au travers de son chef se trouvant derrière lui, il doit être en mesure d'interagir en permanence. Il faudra donc trouver un équilibre mais, quoi qu'il en soit, je le répète, nous devons réfléchir à la manière dont nous pourrons oeuvrer ensemble et parvenir à une solution commune.

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