en ce qui concerne les réservistes, l'armée de Terre ne serait pas en mesure de fonctionner sans eux. Vous l'avez vu, et je l'ai moi-même constaté hier encore en inspection à Angoulême, objectivement, dans le régiment, on ne sait plus qui est réserviste et qui est d'active. C'est pour moi une grande satisfaction. Les uns et les autres sont habillés de la même manière, se comportent de la même façon ; il y a une grande homogénéité. Je pense que c'est une grande force. On parle souvent du lien entre l'armée et la nation : le réserviste y concourt directement.
Pour ce qui est des effectifs, nous avons quasiment atteint notre cible cette année, à savoir 23 000 hommes environ sur les 24 000 que nous visons. Nous engageons 500 réservistes par jour sur le territoire national, dont 20 % servent dans le cadre de missions intérieures, le reste consistant en compléments individuels, ce qui est plus facile. Il y a eu un véritable coup de fouet depuis 2015. On est entré véritablement dans une logique d'emploi, ce qui a été bien perçu par les réservistes : désormais, ces derniers exécutent les mêmes missions que les militaires d'active sur le territoire national, ce qui est très valorisant pour eux.
Cela dit, il faut que nous réfléchissions à la manière dont nous pourrions faire évoluer notre modèle, dans le cadre de la redéfinition du plan stratégique : dans la perspective de la préparation à un conflit majeur, il faut probablement que nous soyons en mesure de demander un peu plus à nos réservistes. Toutefois, nous allons procéder de manière séquencée. Je vous ai expliqué l'effort que nous devions produire pour augmenter le taux d'entraînement et améliorer la formation de l'armée d'active ; en réalité, l'armée de Terre ne peut pas produire simultanément un effort identique pour la réserve. Nous allons donc procéder en deux étapes. Il faut d'abord poursuivre l'effort en direction de l'armée d'active, avant de renforcer la réserve. Celle-ci intervient dans ce que l'on appelle les missions communes de l'armée de Terre : elle participe à l'opération Sentinelle, ou encore fait des contrôles de zones simples. Si on veut aller plus loin, il faudra l'équiper et la former davantage. C'est notre objectif mais, encore une fois, l'armée de Terre n'est pas actuellement en mesure de fournir simultanément les deux efforts que je décrivais.
En ce qui concerne l'ouverture aux autres armées de la formation des officiers de réserve spécialistes d'état-major (ORSEM), je commencerai par dire qu'il est essentiel pour l'armée de Terre de former ces officiers afin qu'ils puissent exercer des postes en état-major. Ce sont des gens de grande qualité, qui n'ont souvent pas grand-chose à envier aux officiers d'active. Cela suppose de leur part un investissement important pour lequel je suis extrêmement admiratif. Dans l'armée d'active, nous avons notre famille et notre métier ; eux, ils ont leur famille, leur métier et la réserve. Ce sont vraiment des gens admirables. Pour ce qui est d'ouvrir la formation aux autres armées, cela ne pose pas de problème et c'est du reste déjà une réalité, au cas par cas : l'ESORSEM reçoit régulièrement des officiers de marine, des aviateurs, des commissaires, des médecins et même des étrangers. En gros un stagiaire sur cinq n'est pas terrien. Beaucoup de réservistes servent déjà en état-major. Au centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), par exemple, j'en ai croisé un grand nombre, appartenant à toutes les armées, même si on ne leur avait pas donné la possibilité de suivre une formation comme le font nos ORSEM, ce qui apporte effectivement une haute valeur ajoutée.