Intervention de Général Thierry Burkhard

Réunion du mercredi 2 octobre 2019 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Thierry Burkhard, chef d'état-major de l'armée de Terre :

Merci de le dire.

En ce qui concerne la Légion étrangère, dans la mesure où elle fait partie de l'armée de Terre, les plans qui s'appliquent à cette dernière, dans son ensemble, valent également pour la Légion. Cela dit, vous avez raison de souligner que la Légion est forcément un peu différente, non parce qu'elle voudrait l'être mais parce que, structurellement, quand 80 % des soldats viennent des quatre coins du monde, cela donne nécessairement quelque chose de différent – et suppose, dès le départ, d'avoir une approche différente. Un jeune Français s'engage pour son pays, quand un légionnaire s'engage pour la France ; ce n'est pas exactement la même chose. Comme vous le savez, sur les drapeaux de l'armée française, il est écrit : « Honneur et patrie » tandis que sur les drapeaux des régiments de la Légion étrangère, il est écrit : « Honneur et fidélité ». Cela n'enlève rien au « contrat » que signent les légionnaires : ils s'engagent pour défendre la France ; mais, au départ, ce sont quand même des étrangers qui rejoignent nos rangs pour une multitude de raisons différentes. Vous avez évoqué à leur propos, monsieur Pueyo, la « Grande Muette » C'est peut-être parce qu'ils parlent un peu moins bien le français (Sourires) – encore que ce ne soit pas tout à fait vrai, car beaucoup s'expriment très bien dans notre langue.

Plus sérieusement, et même s'il est vrai qu'ils vivent de manière un peu particulière, les légionnaires disent ce qu'ils ont à dire, même s'il leur faut parfois un peu de temps pour se livrer, parce qu'il faut d'abord qu'ils aient confiance. Ils ont aussi des préoccupations particulières, ce qui fait la richesse de la Légion étrangère : il y a de grandes différences culturelles. Je l'ai vu pendant les années où j'y ai servi : après la chute du Mur de Berlin, les engagés originaires d'Europe de l'Est arrivaient avec un plan de carrière beaucoup plus établi que, par exemple, les Britanniques, que l'on avait vus arriver en nombre quelques années auparavant. Ces derniers étaient plutôt des aventuriers, quand les hommes venant d'Europe de l'Est voulaient faire venir leur femme et s'installer en France. Et les Chinois auront d'autres motivations. C'est cela, la diversité de la Légion étrangère. Il faut certes répondre aux aspirations des uns et des autres, mais aussi les canaliser, car cela ne peut pas partir dans toutes les directions. Quoi qu'il en soit, la Légion étrangère n'est en aucun cas exclue des différents plans : elle en bénéficie.

L'un d'entre vous évoquait l'infrastructure : j'ai oublié à ce propos de mentionner la convention de soutien de proximité de l'infrastructure pour les réparations, les aménagements légers et l'entretien (SPIRALE). Il s'agit non pas de nouvelles constructions mais d'effectuer des travaux sommaires sur les bâtiments existants, où sont installées les troupes : on leur fournit du matériel et elles font elles-mêmes les rénovations. Les légionnaires le font assez facilement, car presque tous ont eu des expériences professionnelles antérieures, une première vie : on trouve toujours parmi eux un maçon ou un peintre. Construire leur casernement, cela fait pour ainsi dire partie de leur culture. Des plans comme celui-ci marchent donc très bien dans la Légion. Au-delà donc des petites différences qui peuvent exister, la Légion, je le répète, appartient à l'armée de Terre ; elle a les mêmes objectifs et bénéficie des mêmes moyens.

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