Le débat est extrêmement riche. Je me désole de la position de la majorité car il faut prendre la mesure de l'attente et de l'angoisse de nos concitoyens. Vous rejetez l'idée même de la régulation pour des raisons parfois surprenantes – idéologiques peut-être ? Cela ne revient-il pas à défendre des prés carrés ?
La concentration médicale est impressionnante dans cette commission – je ne parle pas de Mme la présidente. J'ai entendu les arguments que certains ont développés ce matin lors de mes auditions avec les syndicats professionnels. Faisons la part des choses ! Ici, nous travaillons dans l'intérêt général, afin de trouver des solutions.
J'en ai entendu certains qui considèrent que les déserts médicaux ne sont qu'une question d'aménagement du territoire. Certes, Pierre Dharréville a raison de réclamer des moyens qui nous permettent de garantir la présence de services dans nos territoires mais, pour prendre l'exemple de mon département, la Mayenne est traversée par le TGV, avec plusieurs arrêts par jours, ainsi que par l'autoroute : il ne s'agit donc pas d'une terre enclavée ; nous ne sommes pas très loin de la mer, avons d'excellents lycées, comme dans l'ensemble de la région, et une vraie qualité de vie ; avec un taux de chômage inférieur à 6 %, nous sommes pourvoyeurs d'emploi, et les chefs d'entreprise ont besoin de recruter des salariés et des cadres. Comme Gisèle Biémouret dans le Gers, nous avons conduit des opérations auprès des universités, à la faculté d'Angers en particulier, pour valoriser l'installation dans un département comme le nôtre. Malgré tout cela, et malgré les médecins qui se mobilisent pour accueillir des stagiaires dans leur cabinet, des milliers de Mayennais sont sans médecin traitant.
Vous pouvez continuer à dire que les mesures que nous avons prises vont dans le bon sens et qu'elles finiront par produire leurs effets, mais vous ne vous rendez pas compte de ce que ressentent nos concitoyens, de leurs attentes. Vous persistez obstinément à refuser toute régulation, sous prétexte que les médecins ne pourraient pas accepter ce que les pharmaciens, les infirmiers, les kinésithérapeutes ont accepté, eux, depuis des années : qui peut vous entendre ? qui peut vous comprendre ?
Je vous le dis avec force et sincérité : ouvrez les yeux ! Je trouve dommage que nous saisissions pas collectivement cette occasion de faire avancer le pays.