Je salue cette proposition de résolution : une commission d'enquête parlementaire est plus que jamais nécessaire.
À La Réunion, nous connaissons bien le moustique-tigre. En 2005 et 2006, la crise du chikungunya a touché un tiers de la population et provoqué 2 048 décès. Cette crise sanitaire a été particulièrement puissante, et le traumatisme est toujours palpable dans la population réunionnaise, particulièrement chez certaines personnes âgées. La Réunion connaît à présent une épidémie de dengue : 75 000 cas ont été recensés, entraînant 732 hospitalisations, 2 400 visites aux urgences et 20 décès. Selon les titres de la presse régionale d'aujourd'hui, 2020 sera pire ! Un deuxième type de virus est apparu, et les foyers épidémiques se maintiennent durant l'hiver – fait exceptionnel et très préoccupant.
La réduction des financements aux collectivités locales et la suppression des contrats aidés ont affecté la capacité de lutte physique contre la propagation de ce moustique, conduisant à l'épidémie que nous connaissons. Le constat est inquiétant : la moitié des départements français abritent le moustique-tigre. L'État, qui s'est montré incapable à enrayer une épidémie circonscrite, ne peut pas davantage empêcher sa propagation. Alors que le moustique-tigre semble durablement installé en France hexagonale et que le dérèglement climatique fait régulièrement grimper les températures, la survenue d'une forte épidémie est un risque important pour nos concitoyens.
Il est donc urgent de déterminer comment une telle propagation a été possible, pourquoi l'épidémie est telle outre-mer, quels sont les moyens de lutte les plus adaptés au regard de la toxicité des produits chimiques utilisés et quels seront les moyens financiers et humains nécessaires à l'éradication. Cette commission d'enquête devra répondre à ces questions, car le moustique-tigre a déjà tué.