Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mardi 31 octobre 2017 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Article 29 et état b

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Si, aujourd'hui, la France accueille à bras ouverts des milliers de réfugiés, elle ne s'est pas toujours montrée aussi hospitalière. Que l'on se souvienne des harkis et de la façon dont nous les avons reçus, ou plutôt très mal reçus, en 1962. Souvenez-vous : 200 000 d'entre eux avaient rejoint les rangs de l'armée française pour se battre contre le FLN au péril de leur vie, parce qu'ils avaient une haute et belle idée de la France. Mais quelle fut la réponse de la France ? Elle les a tout simplement abandonnés, comme l'a reconnu François Hollande lui-même, eux qui avaient tout donné, tout sacrifié à notre pays.

Malgré le refus d'organiser un rapatriement massif des harkis, quelque 60 000 d'entre eux sont parvenus à embarquer pour rejoindre la métropole. Mais à leur arrivée, pas de pancarte « Welcome », ni de « Je suis Harki ». Ils troublaient un peu trop la bonne conscience de la gauche mais aussi d'une bonne partie de la droite.

Pas moins de 55 000 à 75 000 harkis, selon les historiens, ont été, quant à eux, livrés à leur sort, ou plus précisément à leurs bourreaux. Considérés comme des traîtres, ils ont été traqués, assassinés, enterrés vivants, émasculés, ébouillantés : un massacre qu'il est impossible d'oublier et de pardonner.

En 2000, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a déclaré que l'Algérie n'était pas leur pays. Des collabos, donc, pour les caciques du FLN, ils sont pour nous des Français à part entière, de véritables patriotes.

En les abandonnant, nous avons sali notre honneur. En réponse à leur amour de la France, ils n'ont reçu qu'insultes et crachats. Si l'argent ne rachète pas tout, loin de là, je vous dirai simplement que relever leur pension, et pas seulement de 100 euros, serait un signe de justice et de reconnaissance pour leur loyauté et leur sacrifice, car les harkis sont l'honneur de la France.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.