Nous pensions justement qu'une augmentation de 100 euros n'était pas suffisante.
J'en viens à cet amendement. Le service militaire ne manquait pas d'atouts ni d'utilité. Il permettait à des hommes qui ne se seraient jamais rencontrés de se connaître. Il permettait à d'autres d'apprendre à lire ou à écrire, à d'autres encore de passer leur permis de conduire, à tous de servir la France en lui consacrant quelques mois.
Le service militaire était un véritable rite de passage. On y devenait adulte ; on y devenait Français.
Pour pallier sa disparition, on a mis en place la journée défense et citoyenneté, un succédané obligatoire pour les Français âgés de 16 à 25 ans, une journée qui, c'est le moins que l'on puisse dire, ne fait pas l'unanimité alors que, paradoxalement, la population française est favorable à l'armée et aux forces de l'ordre.
Cette journée, jugée longue et ennuyeuse par beaucoup, a un coût : pas moins de 15 millions d'euros – 14 787 483 euros exactement.
Elle n'est évidemment pas le creuset que constituait le service militaire, et se contente, en matière d'alphabétisation, d'enregistrer le taux d'illettrisme. Un peu plus de 5 % de ces jeunes gens étaient illettrés en 2016. Face au peu d'attrait de cette journée, et au vu de son efficacité pour le moins discutable, je m'interroge. Et si l'argent dépensé à sa mise en oeuvre était consacré à améliorer le quotidien de ceux qui se sont battus pour notre pays, de ceux qui ont été blessés par amour de la France, et qui reçoivent une pension d'invalidité ?
Témoigner de notre soutien et de notre gratitude à leur égard ne me semble pas manquer de sens. En tout cas, cela aurait plus de sens qu'une journée dont personne aujourd'hui ne peut sérieusement prétendre qu'elle répond aux ambitions qui étaient les siennes lorsqu'elle a été instaurée.