Je rends tout d'abord hommage avec l'ensemble des députés de mon groupe à nos soldats engagés sur le front au Sahel, dont treize ont perdu la vie au combat.
Député de la 9e circonscription des Français établis hors de France, de l'Afrique de l'Ouest et du Maghreb, ma circonscription compte 151 000 de nos compatriotes, répartis sur seize pays qui, pour la plupart, ont une histoire commune avec la France. Ce lien historique, linguistique et culturel presque charnel avec notre pays suscite un attrait qui ne s'est jamais démenti malgré les péripéties de l'histoire. Je peux le constater à chaque fois que je me déplace dans ma circonscription. Et je profite de votre présence, monsieur le ministre, pour remercier chaleureusement les agents du ministère de l'Europe et des affaires étrangères en poste à l'étranger, pour leur dévouement et leur professionnalisme. Ils évoluent dans des contextes politiques et sécuritaires de plus en plus difficiles. Nous l'avons encore constaté, vous et moi, la semaine dernière lors de notre déplacement au Sénégal avec le Premier ministre.
Toutefois, cette relation particulière qui lie la France avec le Maghreb et l'Afrique de l'Ouest suscite également des attentes et crée parfois des malentendus. Parmi ces incompréhensions, citons l'intervention de la France au Sahel, à travers notre force sur place, sujette à de nombreux fantasmes ; le maintien du franc CFA ; ou le ressenti, à tort ou à raison, que notre politique d'accueil des étudiants et d'attribution des visas se ferait désormais prioritairement en direction de pays émergents dont la Chine, l'Inde et les pays d'Amérique du Sud.
L'année 2020 sera extrêmement importante pour ma circonscription, si l'on pense aux processus post-électoraux en Tunisie et en Algérie ; aux prochaines élections présidentielles en Guinée et en Côte d'Ivoire ; au dix-huitième sommet de la francophonie qui se tiendra en Tunisie en décembre marquant les cinquante ans de l'Organisation internationale de la francophonie ; ou encore au sommet Afrique-France qui aura lieu les 4, 5 et 6 juin prochains à Bordeaux. Cette année doit permettre de renouveler et de renforcer ce lien particulier entre la France et le continent africain.
Je souhaite appeler votre attention sur d'autres ambassadeurs de notre pays, au rôle moins formel mais tout aussi important, c'est-à-dire la diaspora. Selon The African Institute of Remittances, les transferts de fonds des diasporas africaines ont atteint 65 milliards de dollars en 2017, soit plus du double de l'aide publique au développement des bailleurs de l'Afrique qui est de 29 milliards. Il s'agit d'une hausse de 36 %, en moins de dix ans. Vous étiez présent hier à Marseille, dans le cadre de la troisième conférence Méditerranée du futur qui vise entre autres à relancer le processus d'intégration méditerranéenne : comment la France peut-elle accompagner au mieux cette diaspora – binationale, bien souvent – dans son désir de participer au développement économique de l'Afrique et, par ricochet, au rayonnement de la France ?
Pour terminer, la question des visas est une épine dans nos relations avec nos partenaires africains. J'appelle de mes voeux la création d'une mission sur le sujet. En attendant, comment pouvons-nous fluidifier ce problème qui crée un certain nombre de malentendus avec nos partenaires ?