La discussion que nous avons eue, avec un échange d'arguments sincères de part et d'autre, est tout à fait à l'image du débat qui a lieu actuellement dans la société : c'est vraiment le débat autour de la transition.
Croyez bien que je suis la première à défendre spontanément un certain nombre de mesures, du fait d'un biais cognitif favorable à la transition écologique, consciente que je suis du fait qu'il faut aller aussi vite que possible. Toutefois, et ce n'est certainement pas à vous que je vais l'apprendre, la transition doit aussi être solidaire. Quand on est entre deux mondes – ce qui est vraiment le cas ici : nous sommes entre le XXe et le XXIe siècles –, il faut savoir retourner aux chiffres. Or il se trouve que nous avons fait une étude d'impact, dont il ressort que la mesure en question aurait des conséquences importantes sur la vie quotidienne de certaines personnes qui vivent des prospectus. C'est le cas du secteur de l'imprimerie, qui s'est beaucoup transformé et qui a eu du mal – et en a encore – à s'adapter à la violence de la transition numérique. C'est aussi le cas des dizaines de milliers de personnes qui, dans les territoires, distribuent ces prospectus et participent de l'économie fondée sur la publicité physique.
Plus largement, dans cette commission du développement durable et de l'aménagement du territoire, je doute qu'il se trouve une seule personne favorable à la publicité, car celle-ci est le symbole d'un modèle économique qui débouche sur tous les excès. Moi-même, j'ai d'ailleurs lancé une campagne de sensibilisation au changement des modes de consommation, ce qui passe évidemment par une remise en cause du rôle de la publicité, entre autres.
Il apparaît toutefois que, dans ce secteur comme dans d'autres qui ont déjà été violemment bouleversés, la transition doit se faire un peu plus lentement qu'on l'espérait. Je ne vous le dis pas de gaieté de coeur, car cette position est difficile à tenir, en ce qui concerne aussi bien l'environnement que l'emploi. Nous devons trouver un équilibre. Je vous demande donc de retirer vos amendements. D'abord, le débat sur la question est tellement profond, il concerne tellement la société que la Convention citoyenne veut s'en saisir. Croyez bien que ce n'est pas là une excuse : nous ne lui confions pas sciemment les questions les plus difficiles à régler. Ensuite, la question de la publicité est à ce point centrale – d'une certaine manière, elle constitue le socle d'un système capitaliste poussé à l'extrême, ou en tout cas de l'économie du XXe siècle, qui, par bien des aspects, ne fonctionne pas d'une manière satisfaisante pour la planète et pour la société – que j'ai demandé un rapport, qui est en cours de rédaction. Je ferai tout mon possible pour qu'il soit disponible avant l'examen du texte en séance publique. Telle est la position du Gouvernement. Pour ces raisons, je vous demande de retirer ces amendements.