Si l'on s'intéresse à la réussite et à l'insertion professionnelle des étudiants, on ne peut pas se contenter de diviser les crédits du programme 150 par le nombre d'étudiants. En effet, ce programme est en partie consacré à la recherche et, de plus, si l'on veut calculer un montant par étudiant, il faut tenir compte de l'ensemble des mesures sociales prises par ailleurs.
Nous devons trouver les financements pour accompagner la réussite des étudiants, car le véritable problème n'est pas tant l'argent qui leur est consacré que le fait que l'on ne travaille pas vraiment la question de la réussite.
Sans préjuger de ce que sera la réforme, la concertation a fourni des pistes intéressantes, en particulier concernant la passerelle à construire entre l'éducation nationale et l'enseignement supérieur. On en parle depuis longtemps ; il est temps qu'elle devienne une réalité.
J'ai été interrogé sur les premiers résultats de la loi dite « Fioraso ». Aujourd'hui, on compte 3 % de bacheliers technologiques dans les IUT, et 18 % de bacheliers professionnels dans les BTS. C'est une amélioration, mais cela ne correspond sans doute pas encore aux débouchés dont ces bacheliers ont besoin. Une intéressante expérimentation qui a eu lieu dans cinq académies, l'an dernier, se poursuivra dans vingt-trois autres. Elles visent à demander aux conseils de classe de recommander les bacheliers professionnels afin qu'ils soient acceptés en BTS : 69 % des jeunes ainsi recommandés y ont à ce jour été admis. Cela me semble particulièrement prometteur.
La réussite étudiante constitue un investissement dans l'avenir. Nous devons être en mesure de rénover l'accueil des étudiants et le contenu des premiers cycles afin d'offrir des solutions plus personnalisées.
En matière d'emplois, pendant longtemps, le GVT n'étant pas compensée, les établissements devaient y consacrer une partie de leur masse salariale au lieu de maintenir un taux d'emploi suffisant d'enseignants-chercheurs et de chercheurs. Nous avons voulu corriger le tir dans ce budget : le GVT sera compensé.
Pour ce qui concerne les postes dans les organismes de recherche, je tiens à saluer le travail effectué par M. Alain Fuchs à la tête du CNRS : les emplois des ingénieurs, techniciens et administratifs (ITA) aussi bien que des chercheurs ont été maintenus durant tout son mandant. Je ne dis pas que tout est toujours simple ou facile, mais lorsque des choix courageux sont faits, les établissements sont en capacité de maintenir l'emploi. Dans les universités, je confirme que l'objectif reste de servir à la fois la recherche et la formation, car elles ont évidemment vocation à créer de la connaissance et à la transmettre – les emplois dont je parle sont donc bien ceux des enseignants-chercheurs.
S'agissant du lien entre les universités et les entreprises, je répète qu'il est extrêmement important que les universités travaillent avec leurs territoires de plusieurs façons. Parce qu'elles doivent préparer les jeunes à une bonne insertion professionnelle, elles doivent connaître les besoins en emplois de leur territoire, et, plus généralement, ceux du pays et de l'Europe. Il faut former les étudiants dans les bonnes filières. Nous devons encore travailler sur ce problème car, aujourd'hui, ces données n'orientent pas vraiment les choix de nos jeunes. Il me paraît donc essentiel que l'orientation et l'information indiquent aussi où sont les emplois afin que les étudiants puissent choisir des filières qui y mènent.
La recherche doit être à la fois libre, et orientée sur des grands sujets de société : c'est l'idée d'augmenter à nouveau les dotations de base, mais aussi le taux de succès de l'Agence nationale de la recherche (ANR) – dans le premier cas, nous parlons d'une recherche totalement libre ; dans le second, d'une recherche mise au service de défis sociétaux français, européens ou internationaux.
S'agissant du patrimoine immobilier, les contrats de plan État-région (CPER) permettront de consacrer 343 millions d'euros aux universités, et 300 millions supplémentaires seront débloqués pour les universités dans le cadre du Grand Plan d'investissement (GPI) afin que les universités valorisent leur patrimoine. De plus, sachant que 1,8 milliard d'euros sont prévus dans le GPI pour la rénovation énergétique des bâtiments de l'État, et que l'enseignement supérieur occupe la moitié de leur surface, l'université bénéficiera de 900 millions d'euros supplémentaires.
Les annulations de crédits du PLF pour 2017 n'ont rien à voir avec le PLF pour 2018. En simplifiant, on peut même considérer que pour calculer les crédits à dépenser en 2018, il est possible d'additionner l'augmentation des crédits pour 2018 et les 330 millions d'euros d'annulations de crédits de 2017, ce qui signifie que, finalement, en crédits de paiement, le budget augmente d'1 milliard d'euros !