Je tiens aussi à rappeler que les ministres Delphine Batho et Pascal Canfin ont pris en compte cet enjeu dans le cadre de leurs engagements ministériels dès le début de l'année 2013 et que le ministre Philippe Martin a ensuite fait de l'économie circulaire, dès septembre 2013, un axe essentiel de sa politique. En témoigne notamment la première conférence nationale sur l'économie circulaire, décentralisée en décembre 2013 à Gardanne, à l'École des mines Georges-Charpak – tout un symbole.
Je salue aussi Ségolène Royal qui, dès avril 2014, en a fait un axe majeur de ses engagements, qui s'est concrétisé dans le titre IV de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte d'août 2015.
Je n'oublie pas le ministre de l'économie de 2016, Emmanuel Macron, qui tint un discours notable devant le Conseil national de l'industrie, le CNI, sur l'opportunité de prendre la voie de l'économie circulaire en transformant notre modèle de production et de consommation. J'y étais, et je tiens surtout à saluer la présence de Matthieu Orphelin, alors déjà engagé en faveur de l'économie circulaire, mais qui ne pourra malheureusement pas participer à nos travaux. En tant que ministre, mais aussi par la suite en tant que Président de la République, Emmanuel Macron a toujours travaillé à un modèle davantage créateur de richesses, celui d'une société industrielle alternative à la société d'hyper-consommation.
Revenons à ce qu'est l'économie circulaire. Un monde dans lequel on consomme davantage de ressources que la capacité de la Terre à les renouveler n'a pas d'avenir. Il nous faut aujourd'hui l'équivalent de deux planètes par an pour répondre à nos besoins. Or il n'y pas de deuxième planète qui viendra se garer à côté de la nôtre. Il faut donc que nous repensions notre modèle. Pire encore : cette fuite en avant vers la pénurie, qui engendrera des guerres, s'accélère avec la croissance démographique : d'ici trente ans, en 2050, l'humanité comptera 10 milliards d'habitants, dont 6 à 7 milliards auront le même mode de vie que nous. S'ils adoptent notre modèle de consommation, la planète ne pourra répondre à ces enjeux. En trois décennies, soit six mandats de député, la planète n'aura pas gagné une seule tonne, mais nous risquons d'aller vers la guerre et les pénuries.
Il y a donc urgence à agir. Ce n'est pas un projet de loi d'opportunité, mais d'enjeu majeur, que nous devons élaborer ici. Ce n'est pas le nombre d'articles qui comptera, mais le chemin que nous parviendrons à tracer. Le groupe Libertés et territoires regrette ainsi le rejet de plusieurs de ses amendements. L'un d'eux proposait notamment des objectifs concrets d'ici 2050 en termes de consommation de matières premières rapportée au nombre d'habitants, afin de retrouver un chemin équilibré par rapport aux limites de la planète.
Nous regrettons que l'on ne fixe pas à la consommation des ressources de la planète les mêmes limites qu'aux émissions de CO2 – en particulier en tonnes de matières premières qu'il est possible de consommer rapportées au nombre d'habitants. Nous ne comprenons pas que notre amendement, qui définit une feuille de route et d'encadrement du nombre de produits neufs vendus chaque année ne puisse même pas être présenté dans l'hémicycle pour que nous puissions au moins en discuter et commencer à définir un autre modèle de développement.
Nous souhaitons un changement en profondeur de notre modèle. Madame la secrétaire d'État, vous avez vous-même affirmé vouloir « changer ce capitalisme vorace ».