… et dans un pays bloqué par la grève. Les conditions du débat sont plus que discutables.
Nous devons absolument arrêter cette fuite en avant irresponsable et suicidaire, cette surproduction de biens matériels et de ressources. Ce projet de loi aurait pu être un coup d'arrêt à la société du tout-jetable, tant pour les êtres humains que pour les marchandises. Seulement, votre économie circulaire n'existe pas. Vous tournez en rond, au milieu de contradictions dont vous peinez à saisir le caractère fondamental.
Le capitalisme est totalement incapable de répondre aux problèmes écologiques. Pire : notre système économique est responsable de l'impasse écologique dans laquelle nous nous trouvons. Les quatre-vingt-dix plus grandes entreprises productrices de pétrole, de gaz et de charbon sont responsables, à elles seules, de 57 % de la hausse de la concentration atmosphérique en CO2, de 50 % de la hausse des températures et de 30 % de l'élévation du niveau des océans depuis 1880. L'entreprise française Total figure dans le « top 20 » de ces transnationales criminelles. La démence de l'économie capitaliste nous pousse aux pires scénarios à court terme. D'ici 2100, si tout continue comme aujourd'hui, la masse mondiale de déchets triplera.
Prenez le cas du changement climatique. La dynamique actuelle est désastreuse. Nous ne savons pas si nous avons passé le seuil au-delà duquel la vie humaine est impossible – l'imprédictibilité radicale de ce qui s'avance est notre plus forte certitude – , mais si tel n'est pas le cas, nous savons comment nous en sortir : il faut diminuer drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre.
Prenez maintenant la question des déchets. Un continent flottant de plastique, trois fois plus grand que le territoire français, tue des poissons, des tortues et se dissout en microplastiques aux effets terribles pour l'écosystème marin et la santé humaine. Si vous ne faites reposer votre circularité économique que sur des incitations, je vous annonce déjà où finiront les déchets : dans nos rivières et fleuves, dans nos océans, dans nos sols, en France ou ailleurs.
Pourquoi évoquer ici l'ailleurs et le lointain ? Parce que l'expression du délire capitaliste et de la puissance destructrice du libre-échange rencontre également le monde du retraitement des déchets. La Malaisie, par exemple, importe chaque année près de 900 000 tonnes de déchets en plastique. Voici le message des centres du capitalisme international : « cachez ces déchets que je ne saurais voir ! » Réserves d'eau contaminées, récoltes perdues, maladies respiratoires, installation de mafias du plastique, ramasseurs de déchets précaires exposés : ces pays et leurs populations assument les coûts économiques, sociaux et environnementaux de notre pollution exportée. Voilà le vrai visage de notre système basé sur le tout-jetable ! La gestion actuelle des déchets a un coût public international et constitue une mine d'or pour le privé.
La Chine a cessé d'accepter les déchets des autres en 2018. En effet, elle avait bon dos. Pendant des années, elle est devenue l'atelier industriel du monde : ses émissions de CO2 se sont envolées et ses industries ont alimenté les sociétés de consommation européennes et états-unienne. On lui envoyait également nos déchets. Elle servait dans le même temps de producteur pollueur et de poubelle du monde : elle lavait les consciences écologiques de ceux qui prétendaient polluer moins tout en important toujours davantage. La fausse conscience et l'hypocrisie capitaliste peuvent trouver une teinture verte. En France, cette hypocrisie s'appelle « La République en marche ».