Vous avez parlé à l'instant, madame la secrétaire d'État, de « rompre avec le capitalisme vorace ». J'aurais aimé applaudir des deux mains, mais votre projet de loi est une montagne qui accouche d'une souris : aucun changement structurel à l'horizon. Entendez-nous bien : votre texte n'est pas mauvais en soi, il aurait juste dû intervenir il y a dix ans et n'est pas à la hauteur des enjeux. Pourquoi ?
D'abord, parce que ce texte brille par l'absence de contraintes pour les entreprises. Vous préférez toujours l'incitation à la contrainte, mais elle fonctionne tellement bien que, lorsque les gouvernements ont voulu inciter les entreprises à créer des emplois, 87 % des emplois créés étaient des CDD et un tiers étaient même des CDD de moins d'un jour. Lorsque vous incitez le transport de marchandises à moins polluer, quel est le résultat ? Près de 90 % des marchandises transitent par la route, dans des camions, plutôt que par le rail, pourtant quarante fois moins polluant. Par ailleurs, le Gouvernement multiplie les accords de libre-échange qui accroissent les échanges de marchandises d'un bout à l'autre de la planète.