Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du lundi 9 décembre 2019 à 16h00
Lutte contre le gaspillage et économie circulaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Inciter, c'est mal comprendre le problème. Pour poser le débat dans des termes clairs, il faut revenir à l'une des distinctions essentielles de l'économie politique classique et ne pas mélanger la sphère de la production avec celle de la circulation. Si vous injectez toujours plus de produits dans la sphère de la circulation, vous aurez davantage de déchets, de pollution et de dommages environnementaux de toutes sortes. Or les effets cumulés de l'extension continue du marché capitaliste, de l'augmentation de la population mondiale et des ressorts propres à l'accumulation de capital rendent fictives, d'emblée et sans aucun doute possible, vos tentatives de construire une économie circulaire. Mais vous avez préféré informer le consommateur plutôt que de mettre au pas les industriels et d'assumer le rôle d'un État régulateur.

Ensuite, parce que votre projet de loi ne prépare pas la bifurcation radicale dont nous avons absolument besoin à l'heure de l'urgence écologique. Rien dans ce texte ne tient compte des limites planétaires dans le modèle de production. Le cycle de vie des produits est un vrai gruyère : de l'extraction des matériaux à leur traitement en fin de vie, les incidences environnementales et sociales sont catastrophiques. Sans parler de l'utilité même des objets produits. C'est d'une redéfinition démocratique des besoins désirables que nous aurions besoin.

Pire : vous refusez de vous attaquer au bras armé de la surproduction et de la surconsommation qu'est la publicité. Interdire les panneaux publicitaires lumineux ? Interdire les publicités pour les marchandises les plus polluantes ? À chaque fois, madame la secrétaire d'État, vous nous avez répondu en annonçant un rapport ; or, selon l'association Résistance à l'agression publicitaire – RAP – , ce rapport ne sera publié qu'en mars 2020, c'est-à-dire après le vote de ce projet de loi ! Pourtant, réglementer la publicité, c'est renverser l'imaginaire, réaffirmer que nous ne sommes ni des cerveaux disponibles, ni des machines à acheter, mais bien des êtres de culture, de rêves, des êtres sociaux. Réglementer la publicité, c'est s'attaquer à cette machine à frustration pour repenser le bonheur collectif. Vous l'avez refusé. De même, vous avez repoussé nos amendements visant à favoriser la réparation et à lutter contre l'obsolescence programmée.

Alors, que faire ? D'abord, il faut combattre inlassablement la conception du monde que vous défendez, qui est intimement liée aux intérêts des grands capitalistes. C'est pourquoi la lutte de ces jours-ci est essentielle. Je tiens à saluer fraternellement les grévistes et les manifestants.

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