Notre société a accru de façon exponentielle sa consommation de ressources, à tel point qu'il serait juste de parler de surconsommation. Comme la cigale de la fable, nous pourrions nous trouver fort dépourvus lorsque l'hiver des ressources sera venu. Nous devons donc mieux consommer, et utiliser plus efficacement nos ressources. En ce sens, le passage progressif à une économie circulaire pourrait nous permettre de réaliser de réelles économies tout en exerçant un effet positif sur l'environnement.
Pour y parvenir, les collectivités locales ont un grand rôle à jouer. J'aimerais néanmoins appeler votre attention sur un problème qu'ont soulevé les élus locaux : la généralisation de la consigne pour les bouteilles en plastique, et accessoirement les canettes. L'idée, d'origine scandinave, est séduisante sur le papier, mais sa réalisation pourrait l'être beaucoup moins, car les collectivités locales en seraient les grandes perdantes. Rappelons qu'elles ont aujourd'hui la mission de revendre les matières premières secondaires pour le compte de leurs administrés, et qu'elles ont beaucoup investi dans la filière du recyclage ces dernières années.
Si le projet de loi confie aux metteurs en marché la revente des contenants en plastique, les collectivités locales verront leurs budgets sérieusement amputés. Devront-elles augmenter la fiscalité pour compenser cette perte ? Malheureusement, les grandes enseignes de distribution, qui vendent d'importants stocks de produits plastiques, seraient les premières bénéficiaires d'un tel dispositif, tandis que les petits commerçants, qui n'ont pas les moyens de stocker les bouteilles comme leurs titanesques concurrents, seraient comme toujours les grands perdants.
Autre problème, les plus faibles pourront-ils rapporter les produits dans les consignes ? Rien n'est moins évident pour les personnes âgées ; elles supporteront donc l'augmentation des prix sans pouvoir restituer toutes les bouteilles consignées. Fausse bonne idée par excellence, la consigne sur les emballages plastiques risque de grever encore un peu plus le budget des intercommunalités, alors qu'elles ont besoin de fonds. J'aimerais donc savoir si le Gouvernement compte toujours instaurer le principe de la consigne – même mixte – pour les emballages, et, le cas échéant, sous quelle forme.
Par ailleurs, l'interdiction de vendre des fruits et légumes non transformés sous conditionnement serait une grande erreur, qui pourrait créer une distorsion de concurrence et aller à l'encontre des objectifs de santé publique que poursuit pourtant le Gouvernement. Elle créerait une distorsion de concurrence indéniable pour les fruits et légumes frais, et entraînerait de graves problèmes de traçabilité des denrées mises en vente. L'emballage permet en effet de dispenser une information sur les produits, en réponse aux attentes des consommateurs. Les enjeux de conservation et de durabilité des produits, pourtant au coeur de la lutte contre le gaspillage et les pertes alimentaires, ne sont pas suffisamment pris en considération dans le projet de loi. Travaillons plutôt sur des emballages issus du bois, du papier ou du carton recyclé, comme il en existe déjà, et continuons à soutenir l'innovation et la recherche en la matière.
Enfin, je crois nécessaire d'aborder une question centrale que ne retient pas le texte : le localisme. Comment pouvons-nous espérer bâtir une économie plus vertueuse sur le plan écologique si, dans le même temps, nous accentuons les problèmes en perpétuant un système mondialisé de consommation massive ? Nous pourrons voter toutes les lois que nous voudrons, elles seront inefficaces tant que nous n'aurons pas réduit les circuits pour les rendre plus vertueux et durables. Nous devons produire et consommer localement au maximum, des produits français si possible, européens bien sûr, idéalement dans leur région de provenance pour tout ce qui concerne l'agroalimentaire. Concernant la viande, il est impérieux de connaître la provenance des bêtes, leur mode d'abattage et la qualité des élevages. Les consommateurs que nous sommes ont le droit de savoir. N'empêcher personne de produire conformément aux lois, mais dans une totale transparence garantissant une totale liberté de choix : c'est une idée forte que le Rassemblement national défend depuis longtemps. Elle a le mérite de rassurer les consommateurs et de développer une consommation locale et nationale favorable à nos productions, utile à notre économie et protectrice de l'environnement dans toutes ses dimensions.
Le libre-échangisme mondial a ruiné des pans entiers de notre économie en matière agricole, industrielle et technologique, et notre balance commerciale est en berne depuis trop longtemps. Il est temps d'ajuster notre modèle et de mieux nous organiser, dans l'intérêt de tous, pour la santé de chacun et pour préserver la planète. Au-delà des efforts nécessaires en matière de lutte contre le gaspillage et de recyclage, l'économie circulaire passera d'abord par l'instauration d'une priorité nationale à la consommation locale, véritable préférence nationale aux productions françaises et européennes.