Tout d'abord, je souhaite remercier Boris Vallaud et saluer son ambition. Il propose de s'attaquer au fléau des passoires thermiques, gâchis énergétique et révélateur des inégalités sociales.
Comme d'autres orateurs l'ont déjà dit, les personnes en précarité énergétique subissent une double peine : ils n'ont pas les moyens de financer des travaux de rénovation alors que leurs coûts de chauffage sont exorbitants. La baisse de la consommation d'énergie carbonée, dont le secteur du bâtiment est le plus gros consommateur, est aussi, à l'évidence, la meilleure façon de lutter contre le réchauffement climatique. Par conséquent, la réallocation de moyens publics vers la rénovation énergétique devrait se trouver au coeur de nos politiques publiques de l'énergie.
Pour des raisons idéologiques, les majorités successives ont plutôt choisi de financer massivement la production d'énergie renouvelable électrique : plus de 100 milliards d'euros ont été dépensés ou engagés, sans rien apporter à la lutte contre le réchauffement climatique. Il faut le rappeler sans cesse, tant le discours écologique dominant tente de faire croire le contraire. Réveillons-nous, chers collègues, et intéressons-nous au bon usage des moyens publics, nécessairement limités, pour lutter contre le réchauffement climatique.
En matière de transformation de l'habitat pour lutter contre le réchauffement climatique, le peu que nous faisons aujourd'hui n'est pas efficace. Selon l'ADEME, entre 2014 et 2016, 36,3 milliards d'euros ont été dépensés pour des rénovations de maisons individuelles dont le diagnostic de performance énergétique restera finalement inchangé. Il faut donc une meilleure coordination de l'ensemble des acteurs et un meilleur contrôle des prestations réalisées. Nous n'avons plus les moyens de nous permettre ce gâchis d'argent public. Le groupe UDI, Agir et indépendants s'interroge donc légitiment sur le véritable pilote de la rénovation énergétique des logements au sein de l'administration et du Gouvernement.
Nous attendons notamment, pour début juillet au plus tard, le premier rapport annuel du Gouvernement au Parlement, prévu à l'article 25 de la loi relative à l'énergie et au climat, concernant l'atteinte des objectifs de rénovation et l'estimation du nombre de logements dits passoires thermiques ayant été rénovés cette année. Nous manquons cruellement de données sur ce sujet.
Le présent texte propose donc un dispositif ambitieux pour la rénovation énergétique des logements privés. Si nous partageons l'objectif, certaines mesures ont déjà été prises avec l'adoption de loi relative à l'énergie et au climat. Je ne les citerai pas, cela a été très bien fait par Mme la secrétaire d'État.
Nous nous interrogeons surtout sur le mécanisme de financement proposé. Nous avons de très sérieux doutes sur sa mise en oeuvre et nous craignons qu'il ne permette pas d'assurer le plan proposé. Il nous apparaît incompatible avec la programmation pluriannuelle de l'énergie, notamment avec les subventions financières qui sont actuellement accordées aux énergies renouvelables plutôt qu'au secteur du bâtiment.
Mes chers collègues, c'est la programmation pluriannuelle de l'énergie qu'il faut revoir en priorité. C'est pourquoi nous ne pourrons pas soutenir ce texte, bien qu'il soulève cette question importante de la rénovation énergétique des logements.