Cette nouvelle lecture, je le crains, ne fera pas changer grand-chose à la première. C'est cependant pour nous l'occasion de confronter les résultats que nous observons avec vos premières annonces.
Vous avez parlé du « contexte », monsieur le ministre. Eh bien, le contexte mondial ne se réduit pas aux tensions commerciales entre les États-Unis d'Amérique et la République populaire de Chine ; le contexte, c'est d'abord une insurrection générale des peuples contre les conséquences des politiques néolibérales appliquées avec une férocité sans précédent dans tous les pays du monde. Les plus durement touchés sont ceux qui se sont mis en mouvement. Notre temps est celui des peuples et des révolutions citoyennes. Ces révolutions ne sont pas animées par des considérations idéologiques, comme par le passé, mais par des revendications simples. La société, sous l'emprise des politiques budgétaires néolibérales, ne répond plus aux demandes élémentaires des gens : avoir accès à du courant, à de l'eau potable, bénéficier de soins, voir ses enfants éduqués normalement… tout cela est devenu un enjeu alors que c'était hier encore un acquis social.
Alors, bien sûr, continue, ici, entre nous, la confrontation idéologique, respectueuse des points de vue de chacun, entre deux visions du monde. Vous êtes toujours persuadés que le ruissellement va se produire si l'on permet à la fortune de s'accumuler à un bout de la société. Pour notre part, nous restons persuadés que la politique de l'offre ne correspond à aucun besoin de la société et est donc condamnée soit à produire des choses qui ne servent à rien mais dont on espère susciter le besoin par la publicité, soit à conduire à des assèchements de moyens parce qu'on cherche partout à réduire les salaires et les prestations publiques, en pensant qu'il faut que les choses s'accumulent à un bout de la société pour ensuite ruisseler sur le reste.
Seule vaut en politique, à mon avis, l'idée que l'économie est au service de l'humain, et non l'inverse ; donc, seule la politique de la demande a du sens parce que c'est elle qui, au contraire de la politique de l'offre, stimule l'économie et l'inventivité. La preuve en a d'ailleurs été donnée dans notre pays. Si la France, avec le Portugal – j'y reviendrai – , a le taux de croissance le plus élevé parmi les pays d'Europe, …