Reprenons l'exemple de la baisse de l'impôt sur le revenu : 22 millions de foyers fiscaux n'en bénéficieront pas car ils ne sont pas assujettis à ce prélèvement ; ainsi, par définition, ils ne récupéreront pas 1 euro de pouvoir d'achat supplémentaire. Sur le territoire, la répartition est très hétérogène. Ainsi, dans le Tarn-et-Garonne, les deux tiers des foyers fiscaux ne sont pas redevables de l'impôt sur le revenu – soit un revenu mensuel inférieur à 1 400 euros pour un célibataire : les deux tiers des habitants de mon département n'auront donc pas un euro de pouvoir d'achat en plus. À titre de comparaison, la situation est totalement inverse à Neuilly-sur-Seine, où seuls trois foyers sur dix ne paient pas l'impôt sur le revenu.
Et, en croisant les données, on se rend compte que les Français qui ne bénéficieront d'aucun pouvoir d'achat supplémentaire du fait de la suppression de la taxe d'habitation sont aussi les mêmes qui ne profiteront pas de la baisse de l'impôt sur le revenu.
Du côté des entreprises, les prélèvements obligatoires augmentent de 29 milliards entre 2017 et 2020, et ils augmentent tous : l'impôt sur les sociétés connaît une hausse de 11 milliards ; la fiscalité écologique, de près de 3 milliards ; les cotisations sociales augmentent elles aussi, en raison de la dynamique de la masse salariale.
En ce qui concerne le volet des dépenses publiques, il y a deux façons d'analyser leur évolution : soit par catégories d'acteurs – l'État, les opérateurs, les collectivités locales, la sécurité sociale – , soit par nature de dépenses – investissement, intérêts, fonctionnement, dépenses sociales. Je vous propose de retenir cette seconde approche, qui me paraît plus judicieuse pour avoir une vision globale des dépenses publiques.
Depuis 2017, l'investissement public exprimé en pourcentage du PIB est stable, uniquement grâce à la hausse de l'investissement des collectivités locales, qui résulte, nous le savons tous, du cycle électoral. Abstraction faite de cet effet de cycle, l'investissement public baisse depuis dix ans : il a chuté de 4,2 à 3,3 % du PIB sous votre quinquennat, soit une baisse de près d'1 point de PIB, qui ne vous est certes pas entièrement imputable, mais qui l'est en partie. Certains diront qu'1 point de PIB, ce n'est pas grand-chose ; cela représente tout de même 25 milliards d'euros. D'autres diront que le privé a pris le relais, ce qui est tout aussi faux ; en effet, dans notre pays, l'investissement public sert non pas à remplacer l'initiative privée, mais à créer une dynamique offensive en matière d'investissement, indispensable pour notre économie.
Quant aux dépenses sociales, elles diminuent également légèrement en pourcentage du PIB, en conséquence de la baisse des aides personnalisées au logement.
Enfin, les dépenses de fonctionnement sont relativement stables, bien qu'en légère diminution, et représentent 18 % du PIB. Le poste qui baisse le plus est celui des intérêts de la dette, pour une raison qui vous est étrangère : la baisse des taux d'intérêt.