Intervention de Agnès Pannier-Runacher

Séance en hémicycle du lundi 16 décembre 2019 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2020 — Article 16

Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'état auprès du ministre de l'économie et des finances :

Vous n'avez pas demandé l'avis du Gouvernement sur cette série d'amendements, madame la présidente. En l'occurrence, il est défavorable.

Tout d'abord, les matériels de substitution existent. Dans le métier que j'exerçais précédemment, j'ai ainsi eu l'occasion de voir se développer l'usage de matériels à motorisation hybride. Par ailleurs, l'empreinte énergétique de ces matériels pose un réel problème que l'on ne saurait éluder. C'est, du reste, la raison pour laquelle nous avons déposé un amendement relatif au suramortissement, afin d'aider les entreprises à se tourner vers l'utilisation de moteurs hybrides, électriques ou d'autres modèles nettement moins consommateurs de gazole.

Ensuite, il est ici question d'une transition en trois ans, et non pas en une année, comme cela avait été envisagé l'année dernière.

De plus, outre le mécanisme de suramortissement, certains dispositifs d'accompagnement sont envisagés, incluant des clauses de prix. Vous avez évoqué, monsieur Viala, l'effet de la fin de l'avantage fiscal sur le bas de la facture. Cependant, la prise en charge de l'éventuel surcoût peut être négociée avec le client. Par ailleurs, dans la mesure où nous parlons de travaux publics, un dispositif spécifique est prévu pour les prestations bénéficiant aux collectivités.

Enfin, comme le souligne Mme Cariou, si on veut qu'un marché se développe, il faut une incitation. On nous a assez reproché, sur ces bancs, de ne pas en faire suffisamment pour limiter les émissions liées au transport – s'agissant des gros bateaux, par exemple. Aujourd'hui, nous agissons pour réduire l'usage du gazole non routier – un carburant fortement émetteur de CO2 et polluant à plus d'un titre – , de même que pour nous agissons dans le domaine aéronautique ou en privilégiant le recours aux équipements électriques dans les bateaux. On ne peut pas à la fois nous demander de faire face au défi climatique et nous reprocher une transition trop rapide. Nous prenons nos responsabilités.

Le problème que rencontrent les professionnels, que nous avons longuement rencontrés à diverses reprises, est de s'assurer que d'autres acteurs n'utilisent pas le GNR pour effectuer les mêmes prestations qu'eux. Leur problème, c'est la concurrence déloyale, pas cette transition. Il ne faut pas confondre.

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