Madame la ministre, le budget que vous nous avez présenté pour 2018 me laisse perplexe. J'entends les efforts, je vois que les chiffres semblent progresser – pas tous d'ailleurs –, mais je m'interroge sur le décalage patent entre les discours et les actes. Bien sûr, je comprends que la priorité soit donnée à l'emploi : qui ne partagerait cette ambition au regard des taux de chômage que nous connaissons ? Néanmoins, on peut se demander si les moyens envisagés sont-ils véritablement à la hauteur de l'objectif poursuivi. Je pense à la diminution brutale tant du nombre de contrats aidés que de leur taux de financement dans le secteur non marchand, et à ces dizaines de milliers d'emplois aidés non remplacés dans le secteur marchand, ce qui ne manquera pas d'être source de graves tensions.
Baisser les charges des entreprises d'un côté pour, de l'autre, contraindre la commande publique en diminuant de manière drastique les dotations aux collectivités locales, donc leur capacité d'autofinancement des investissements, et en baissant la ligne budgétaire unique (LBU), donc la construction de logements sociaux – dont chacun de nous connaît les enjeux en outre-mer – annihile, je le crains, tous les efforts.
Je vois un décalage flagrant, pour ne pas dire une contradiction, entre le discours du Président de la République que j'ai entendu samedi dernier en Guyane, au sujet de la continuité territoriale et la mobilité éducative, ainsi que de la qualification professionnelle de nos jeunes, et l'acte budgétaire que son gouvernement nous soumet pour 2018 en baissant les crédits de LADOM : c'est une grande déception.
J'entends l'élue ultramarine que vous êtes, madame la ministre, plaider que ce budget ne serait qu'un budget de transition, et j'espère que vous saurez inscrire toute la place que mérite l'outre-mer dans un contexte plus large, celui des assises des outre-mer, mais aussi celui des assises de la mobilité.
Pour conclure, eu égard à l'espérance forte que le peuple français, et plus particulièrement nos populations ultramarines avaient majoritairement placée dans l'élection du 7 mai dernier, pensez-vous sincèrement, madame la ministre, que les crédits de la mission outre-mer soient véritablement à la hauteur des défis auxquels nous devons faire face si nous souhaitons vraiment changer le visage de nos outre-mer marqués par un retard de développement ?