Je pense que nous devons analyser avec soin les sources des crises. J'en vois deux en particulier. Les Etats-Unis d'abord, qui sont, de très loin, la première puissance militaire du monde, incarnée par 600.000 soldats et des centaines de base à travers le monde. Leur stratégie est au service de la perpétuation de leur domination. L'hégémonie du dollar en témoigne et y contribue. Ceux qui veulent disputer cette hégémonie sont considérés comme des adversaires : la Russie et la Chine, notamment. Le changement climatique est la deuxième source de crise que j'identifie. Il commence par disloquer le sud : il bouscule les frontières, les équilibres. Si nous voulons lutter contre les crises, nous devons nous préoccuper de ces deux sources.
Ensuite, je pense que nous devons nous poser quelques questions fondamentales. Quel bilan tirons-nous de notre intégration de l'OTAN ? Combien cela coûte-t-il ? Combien avons-nous d'hommes là-bas ? Comment l'armée française pourrait-elle se dessaisir de la présence aux frontières de la Russie ? En effet, nous devons absolument nous entendre avec la Russie ; en aucun cas elle ne peut être un ennemi. Que nous a rapporté l'installation des batteries anti-missile en Europe ? Pouvons-nous accepter que l'Europe redevienne un théâtre de crise ? Si nous avons la dissuasion, c'est pour avoir la paix en Europe ; c'est incompatible avec l'installation de ces batteries.
L'espace maritime français est sans doute le premier du monde ; la France a agrandi 10% de son territoire sans tirer un coup de fusil, c'est sans précédent. Mais nos moyens sont ridicules : c'est comme si nous avions deux voitures de police pour protéger toute la France. Cela ne sert à rien de dire que nous avons le premier domaine du monde si nous ne le protégeons pas.
Dernière question problématique, celle de la Méditerranée. Nous avions le cadre du 5+4 qui fonctionnait très bien. Mais les Etats-Unis s'en sont préoccupés, ce qui a abouti à élargir ce cadre à tout le bassin méditerranéen. Nous devons en rester au petit bassin, entre francophones. D'ailleurs, nous devrions avoir une politique militaire sur la francophonie.