Mme Sandra Marsaud nous a expliqué, tout à l'heure, au nom du groupe La République en marche, qu'une petite enveloppe budgétaire pouvait servir une grande ambition politique. Mais je vous assure que vues de la Seine-Saint-Denis, les espèces sonnantes et trébuchantes permettent d'aménager des vies dignes quand leur absence accroît au contraire la pauvreté, la précarité et la misère. On compte en Seine-Saint-Denis soixante-trois quartiers prioritaires de la politique de la ville ; 600 000 habitants, soit 40 % de la population totale, vivent donc dans un quartier de ce type. Or le budget que vous nous proposez aujourd'hui est en baisse de 11 % : 46,5 millions d'euros se retrouvent sabrés, sucrés ! Je suis désolée, mais au bout d'un moment, tout cela finit par faire sens, surtout quand dans le même temps, les budgets des collectivités locales fondent de façon générale comme neige au soleil. Les collectivités représentent 20 % des dépenses publiques, et elles ont déjà supporté 50 % de l'effort de réduction des déficits de l'État. Dans certaines villes – je suis conseillère municipale à Sevran – , on est en train de toucher à l'os. Ces coupes vont nous empêcher de faire fonctionner des services publics minimums. En Seine-Saint-Denis, on a deux fois moins de médecins qu'ailleurs, deux fois moins d'espaces verts ; les tribunaux sont saturés ; les commissariats subissent des baisses d'effectifs considérables. Voulez-vous que j'évoque tout le reste : les fermetures de trésoreries, celles de centres sociaux ? Ça n'en finit plus ! Si au sommet de l'État, on n'entend pas la colère de ces quartiers populaires, de ces territoires qui ont été très longtemps délaissés, alors je vous assure qu'on est en train de créer une société qui verra demain davantage d'élus sur nos bancs, qui tenteront de construire des majorités plus solidaires et plus soucieuses d'égalité.