Intervention de Florence Lassarade

Réunion du jeudi 14 novembre 2019 à 9h50
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Florence Lassarade, sénatrice :

Jean-François Eliaou a évoqué la note scientifique que nous avons publiée, dans laquelle nous avons tenté d'indiquer les différentes raisons qui sont à l'origine du manque d'adhésion à la vaccination. Moi-même dans mon activité de pédiatre, j'ai été confrontée à ce problème, et ce de manière croissante au fil des années. Nous n'imaginions cependant pas qu'il pouvait découler de causes si diverses. Il nous a paru intéressant de les étudier plus en détail, car elles ne sont pas très connues du grand public.

En l'occurrence, il existe des travaux de recherche sur ce sujet en France. Le format de l'audition publique de ce matin permet aux chercheurs et aux autres parties prenantes de restituer le fruit de leurs travaux ou d'expliquer leur point de vue, afin d'éclairer les parlementaires.

Mieux comprendre le phénomène aidera certainement à regagner la confiance des citoyens. Notre travail commun publié en juillet 2019 a permis d'identifier plusieurs grands axes sur ce sujet. Le premier est celui des biais psychologiques qui conduisent à une mauvaise perception du risque lié à la vaccination. Le résultat en est une estimation du rapport bénéficesrisques bien moins favorable que la réalité.

Le deuxième axe est l'information. La mauvaise information des citoyens et la grande place laissée aux suspicions dans les médias contribuent à une mauvaise appréciation de l'utilité de la vaccination elle-même.

Le troisième axe est celui d'une défiance, voire d'une méfiance, à la fois vis-à-vis des autorités de santé et de l'industrie pharmaceutique, parfois qualifiée à ce propos de « Big Pharma » par une partie de l'opinion publique, mais aussi par certains médecins qui, pour une part non négligeable d'entre eux, ne s'estiment pas confiants dans la vaccination.

Comme cela avait été le cas dès l'introduction de l'obligation de la vaccination contre la variole, le caractère rendu obligatoire de certaines vaccinations a encore suscité beaucoup de réactions négatives début 2018.

Jérémy Ward, sociologue, spécialiste de la question, nous proposera une analyse sociologique du manque d'adhésion à la vaccination à la lumière des faits qui ont été rappelés dans la première table ronde. Les travaux qui permettent de mieux comprendre l'hésitation vaccinale doivent inspirer de nouvelles stratégies pour limiter au maximum la défiance et améliorer les couvertures vaccinales, afin de protéger le plus grand nombre.

Nous l'évoquions dans la première table ronde, les médecins sont les premiers confrontés à ce phénomène. Coralie Chevallier, chercheuse en sciences cognitives, nous montrera comment les sciences cognitives permettent, par l'intermédiaire des médecins de famille ou des pédiatres, d'aider à améliorer l'adhésion à la vaccination.

Nous examinerons la question de l'importance des médias à travers un exemple très concret de désinformation en santé, que Manon Berriche et Sacha Altay étudient dans le cadre de leur doctorat. Les réseaux sociaux rebattent les cartes de l'information scientifique et médicale, et la propagation de fake news semble plus aisée que dans les médias plus traditionnels. À ce propos, nous avions invité le célèbre réseau Facebook à nous présenter la stratégie de lutte contre la désinformation en santé qu'ils ont publiée en mars 2019. Malheureusement, d'autres engagements prévus de longue date ne leur ont pas permis de venir nous la présenter, ce que nous regrettons bien évidemment.

L'importance de la communication des autorités de santé a déjà été en partie discutée dans la première table ronde. Cyril Drouot, expert en communication des autorités de santé, présentera le résultat de ses recherches dans ce domaine. Isabelle Bonmarin évoquera la stratégie de communication de Santé publique France, stratégie qui repose notamment sur le site grand public vaccination-info-service.fr mis en place de façon concomitante avec l'extension du nombre de vaccins obligatoires.

M. Jérémy Ward, vous êtes sociologue et travaillez au sein du Groupe d'étude des méthodes de l'analyse sociologique de la Sorbonne. Vous avez produit une thèse sur l'hésitation vaccinale sous la direction de Gérald Bronner, membre du conseil scientifique de l'Office. Cette thèse s'intitule « Les vaccins, les médias et la population, une sociologie de la communication et des représentations des risques ». Vous avez publié un grand nombre d'articles scientifiques et grand public dans lesquels vous dressez une analyse sociologique du phénomène de l'hésitation vaccinale, prenant en compte les biais psychologiques auxquels les citoyens sont confrontés. Avec Pierre Verger, qui n'a pas pu venir aujourd'hui, vous avez également publié des travaux sur le manque d'adhésion à la vaccination de la part d'une fraction des médecins. Pouvez-vous nous expliquer votre analyse sociologique du manque d'adhésion à la vaccination ?

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