Intervention de Manon Berriche

Réunion du jeudi 14 novembre 2019 à 9h50
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Manon Berriche, doctorante en sociologie de l'information et de la communication :

En guise d'illustration, nous vous proposons un exemple du type d'information qui suscite le plus de succès sur la page Facebook de Santé+ Mag : « Je ne perdrai jamais l'habitude de souhaiter une belle journée à mes amis et ma famille même si personne ne me répond ».

À partir des résultats de notre étude et de la littérature scientifique, on peut déjà conclure qu'il faut vraiment engager davantage de recherches sur la réception des fausses informations, pour savoir comment elles sont reçues et pourquoi les gens les partagent. C'est un point important car ce n'est pas parce qu'on croit à une information qu'on veut la partager.

Ensuite, il apparaît que les internautes ne sont peut-être pas si crédules que cela, et donc il pourrait être assez liberticide d'engager des mesures de régulation visant à supprimer les contenus. Sur cet exemple visuel que je viens de donner, qui est anodin et ne constitue pas une désinformation en santé, il y a un message d'alerte de Facebook. Ce post illustre donc également le décalage qui peut s'établir lorsque des mesures sont prises pour signaler des contenus faux sur les réseaux sociaux, alors qu'ils ne le sont pas toujours.

L'audition de ce matin portant spécifiquement sur les vaccins, nous nous permettons l'analogie suivante : de par leur viralité, les fake news sont souvent comparées à des virus, à ceci près que les virus n'ont jamais été supprimés, comme vous le savez, si ce n'est en augmentant les défenses immunitaires des populations. Plutôt que de continuer à se focaliser sur la régulation des contenus sur les réseaux sociaux, et comme cela a déjà été dit, il nous semble qu'il serait préférable d'engager davantage de recherches pour voir ce qui fonctionne, sur le plan éducatif, pour éviter la « contamination » par les fake news, que de chercher à les supprimer.

Pour finir, nous vous proposons un exemple d'illustration utilisé dans la couverture médiatique d'une vaccination, qui ne semble pas approprié : on y voit un petit nourrisson et une grosse aiguille. Ce choix, pour illustrer un contenu favorable à la vaccination, est paradoxal, quand beaucoup de personnes ont peur du fait que onze vaccins sont injectés dans un si petit corps. Au-delà même du fait rappelé par Coralie Chevallier que ce n'est peut-être pas avec des propos rassurants qu'on incite les gens à se vacciner, il faudrait sans doute communiquer différemment sur les enjeux de santé publique. Une attention particulière devrait être accordée à la bonne adéquation de la communication avec le comportement et l'interprétation qui en sera faite ; cela vaut d'autant plus pour les vaccins.

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