Monsieur le Commissaire, il aura fallu attendre longtemps pour que nous ayons un point d'accord. Ce matin, enfin, je constate que nous partageons un avis sur les choix politiques de la Commission Junker, et je m'en réjouis. Mais force est de constater qu'en France, nous ne mettons pas suffisamment en lumière les investissements portés par le fonds européen d'investissement (FEI) dont nous n'entendons guère parler que pendant la campagne européenne. Quand l'État se glorifie d'une certaine relance de l'activité économique et de l'emploi, il oublie de dire que 15 milliards d'euros portés par le FEI ont permis 74,4 milliards d'euros d'investissement dans des projets économiques viables et importants. Il serait d'ailleurs intéressant de faire une étude différenciant les emplois et les améliorations dans certains secteurs économiques liés au plan Junker de ceux liés à la politique de l'État.
Monsieur le commissaire, l'assainissement des finances publiques comporte trois aspects. D'abord, comme le Président de la commission l'a bien rappelé, on a le sentiment que le Président de la République a l'intention de ne pas se conformer à la règle des 3 %. Ensuite, en l'absence de réforme structurelle, il n'y a pas de réduction du déficit structurel. Or cela fait deux ans que nous déposons des amendements pour alerter la majorité et le Gouvernement. Ce n'est pas un sujet pour eux, mais la France a signé le TSCG et nous ne respectons pas cette signature. Enfin, vous semblez privilégier la réduction de la dette au détriment de la baisse du déficit structurel. Je pense que les deux ne sont pas incompatibles. Là aussi, on a le sentiment qu'on a laissé filer une dette colossale que l'on aggrave d'année en année sans prévoir de solution. Quand on sera au-delà des 100 %, il sera trop tard, Monsieur le commissaire, pour tirer la sonnette d'alarme. La France n'est pas au rendez-vous de l'assainissement de ses finances publiques.
J'aborderai enfin les prévisions économiques européennes. Vous l'avez très bien dit, c'est la septième année de croissance consécutive, et les perspectives sont celles d'une croissance modérée mais positive. Encore faut-il établir des distinctions. Le secteur manufacturier français sera moins impacté que celui de l'Allemagne, qui avait un secteur manufacturier dominant. En France, un taux de croissance de 1,3 % pour 2020 est-il encore possible ? Le risque de contagion du secteur manufacturier aux services n'est-il pas réel ?