Intervention de Martial Mettendorff

Réunion du mercredi 20 novembre 2019 à 16h25
Mission d'information sur l'incendie d'un site industriel à rouen

Martial Mettendorff, directeur général adjoint de Santé publique France :

Nous faisons trois types d'enquête parce que nous ne sommes pas du tout dans la même nature de problématique. Quand on déclenche les effets aigus, c'est un motif pour aller voir le médecin et là-dessus on se comprend assez vite. Nous savons de la littérature scientifique qu'il y a des effets qui ne sont justement pas adressés aux médecins, qui sont plutôt des effets de santé ressentie, d'anxiété, de troubles du sommeil. Cela a été observé dans tous les évènements de type traumatique, il faut donc mesurer cela, parce qu'effectivement il y a des dispositions à prendre en termes de mise en place de système de santé adapté à cela. Nous avons besoin de mesurer cela et c'est la première enquête que nous avons faite pour en mesurer l'ampleur. Pourquoi le faisons-nous de manière statistique ? Parce que c'est intéressant de le faire de manière à pouvoir identifier scientifiquement le poids de cela. Ça, c'est le deuxième compartiment.

Le troisième compartiment, Sébastien le détaillera, mais au fond, nous sommes exposés à un polluant qui a un temps de vie dans l'organisme. Ce dont nous sommes sûrs aujourd'hui, pour certains polluants, c'est la nécessité de ne pas faire perdurer l'exposition. C'est l'enjeu. Si les données que nous allons avoir sur le panache et la connaissance des prélèvements environnementaux mettent en évidence des substances en excès, il y aura nécessité de mesurer l'imprégnation qui ne dira rien des maladies des gens puisque nous sommes aujourd'hui assez peu armés scientifiquement, sauf pour quelques cas où nous savons relier un produit toxique à une maladie. Sébastien en a évoqué un, on pourrait en évoquer un ou deux de plus, mais nous en avons très peu.

Nous ne saurons jamais dire aux gens : « Vous avez été sous le panache, il y a eu ces produits-là et vous risquez cette maladie ». Nous pouvons juste dire : « Nous avons mesuré sous le panache, ces substances ; nous avons une population qui est imprégnée à ces substances ». Cela a du poids, parce que nous l'avons mesuré statistiquement, ce n'est pas que « déclaré », nous avons fait un travail. Le débat sur la façon de monter l'échantillon et un débat entre scientifiques qui n'est pas simple du tout et cela fait partie de la difficulté du protocole.

Mais nous aurons cette donnée et nous serons en capacité de prendre des mesures. Il faut évidemment dépolluer parce qu'il y en a dans l'environnement et parce que cela expose la population et après, le cas échéant, il faudra prendre des mesures de protection de la population pour la soustraire de l'exposition. Cela peut aussi amener à des suivis médicaux particuliers liés à ces substances. Nous le connaissons parfaitement pour le plomb où nous avons des suivis médicaux « protocolés ». Si nous découvrions des choses, il faudrait peut-être établir des protocoles adaptés à cela.

Mais aujourd'hui, nous ne savons pas faire le lien entre les substances et la déclaration de maladie. Nous avons très peu de situations pour lesquelles on sait le faire.

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