Comme vous le savez déjà, la production laitière a été fortement impactée par l'accident. Nous dénombrons plus de 400 fermes touchées, pratiquement 10 millions de litres de lait produits concernés, un impact financier en termes de préjudice à 3,8 millions d'euros. Côté « producteurs » et côté « entreprises », l'évaluation de cet impact est en cours et se chiffre déjà à 4 millions d'euros.
Nous savons que le lait et les oeufs sont des marqueurs d'une éventuelle pollution très rapide. Nous sommes régulièrement dans l'oeil du cyclone quand il y a des pollutions d'ordre sanitaire de ce genre. Concernant notre production, nous sommes très attachés à garantir la sécurité sanitaire des consommateurs, mais aussi à trouver des solutions concrètes pour l'ensemble des acteurs de la filière, afin de résoudre les problèmes nés de cet impact qui est arrivé évidemment sans prévenir. Malheureusement, nous avons déjà un certain niveau d'expérience et d'expertise sur ce genre d'accident parce que nous en subissons trop, sans doute. Cela arrive et nous avons tous en tête ces éléments-là.
Dans cette situation, ce qui a été assez compliqué est que l'impact était très large et qu'il a été évolutif. Il n'est pas évident de gérer, dans le cadre d'une filière, un premier périmètre, puis un deuxième périmètre qui se déclare. La difficulté la plus grande pour nous a été de gérer un périmètre nouveau avec des effets rétroactifs. Une des particularités de la production laitière est que nous collectons du lait tous les jours, tous les deux jours. La production ne peut pas s'arrêter du jour au lendemain. Il y a une gestion des flux très importante à faire. Notre première réaction a été de gérer au plus près de la production ces éléments-là en privilégiant un stockage du lait à la ferme, parce que c'est ce qui permet d'avoir un préjudice moindre s'il est pris en compte ; c'est le plus important. Cette position responsable a été adoptée par notre filière qui a proposé cela tout en n'ayant pas de certitude sur la suite.
L'interprofession laitière a pris la décision en quelques heures de proposer une avance aux producteurs pour permettre le stockage du lait à la ferme dans une meilleure sérénité. Cette situation a été permise aussi grâce à une collaboration avec des services de l'État, très réactifs sur le fait que nous puissions proposer cela en termes de mesures. Je rappelle que c'est une mesure d'avance et pas une indemnité en tant que telle, parce que c'est important aussi par rapport aux éléments anticoncurrentiels. Il faut penser à tout cela au moment où nous prenons cette décision. Cela a été possible parce que nous avions un réseau syndical très actif au niveau de la Fédération départementale (FDSEA) qui était présente auprès des éleveurs pour leur donner en direct l'ensemble des informations et des consignes pour conserver le lait en termes de stockage, de manière à limiter les effets possibles suite à cette décision.
Pour nous, il est utile de travailler sur des protocoles d'anticipation parce que malheureusement, nous savons qu'il y aura d'autres incidents. Il vaut mieux prévoir qu'il y en ait et avoir des éléments pour y travailler.
Il est indispensable que le rôle de contrôle du suivi des produits reste dans le cadre de l'État parce qu'il faut objectiver la situation et ne pas céder à la panique qui s'empare parfois de certains acteurs. Nous sommes très attachés à ce que ce soient des éléments concrets et scientifiques qui permettent de prendre des décisions et pas autre chose. Nous restons bien sûr un peu inquiets sur le suivi des sols par rapport à des éléments de pollution antérieure, bien que la situation ait décelé qu'il n'y avait pas d'élément majeur.