Intervention de Christophe Savoye

Réunion du jeudi 19 décembre 2019 à 10h30
Mission d'information sur l'incendie d'un site industriel à rouen

Christophe Savoye, directeur du GDMA :

Je suis directeur du Groupement de défense contre les maladies des animaux de la Seine-Maritime ; structure appelée dans d'autres départements : Groupements de défense sanitaire (GDS). Notre travail consiste à informer et organiser la lutte contre les maladies animales en élevage. Nous ne nous attendions pas à un évènement de cette nature. Nous nous attendons plutôt à un passage viral particulier, à une bactérie qui pose problème, c'est le cas de la tuberculose, par exemple. Là, c'est notre métier ; nous pouvons proposer des solutions. Nous n'avons pas été en mesure de proposer des solutions directes aux éleveurs. Nous avons été énormément questionnés, tout comme les services de chambres : « Dois-je rentrer mes animaux ? », « Quelles conséquences ? », « J'ai une vache qui a avorté hier, est-ce dû au nuage ? ». Nous avons fait face à tous les cas de figure.

Notre travail a été de relayer au maximum dans notre réseau toutes les informations de la Chambre d'agriculture, à la fois auprès de nos élus, de nos adhérents, mais également des vétérinaires. Physiquement, je suis à la jonction entre le monde agricole et le monde vétérinaire. Cela fait partie de nos métiers de faire passer les informations agricoles au monde vétérinaire. Nous avons été en lien permanent avec la DDPP, en particulier avec M. Degenmann, et cela quasiment nuit et jour. Nous avons été informés en temps réel, ce qui nous a permis de diffuser une information la plus précise possible à nos agriculteurs.

Le 26, je n'écoute pas non plus la radio le matin. Je suis arrivé à Bois-Guillaume à 7 heures. Je note que cela sent mauvais, mais comme d'habitude, ou peut-être un peu plus. Je suis entré dans mon bureau et vers 7h30, je reçois un appel d'un des techniciens qui me demande si la réunion du matin est maintenue compte tenu des évènements. Le processus démarre. À partir du milieu de matinée, nous avons commencé à recevoir des appels d'agriculteurs sur le sujet. Les premiers contacts avec la DDPP nous ont permis de développer un message de prévention en attendant quelque chose de réglementaire.

Le vendredi 27, nous avions un conseil d'administration où siège le DDPP, donc M. Degenmann. Nous avons pu avoir une information en temps réel sur l'état de la pollution, en tout cas, de ce qui était pressenti. Effectivement, le délai pour avoir l'arrêté de restriction du samedi soir a été difficilement supportable pour l'ensemble des éleveurs. C'était un temps d'attente durant lequel ils ne savaient pas comment opérer.

Étant en lien direct avec les vétérinaires, nous avons fait passer l'information autant que faire se peut. Nous avons également eu des liens avec l'ensemble de la filière « viandes ». Les abattoirs sur la Haute-Normandie, que ce soit Cagny ou Le Neubourg, nous ont questionnés régulièrement parce qu'il y avait un problème de lecture chez certains qui ne savaient pas comment interpréter le placement de la virgule, sur le fait que l'usage des denrées avait été restreint. Mais les viandes n'étaient pas concernées. Certains jusqu'au-boutistes avaient inclus les viandes dans l'opération, ce qui avait des conséquences pour nos éleveurs. L'abattoir de Villers Bocage a annoncé ne plus prendre d'animaux de la zone, puis plus d'animaux de Seine-Maritime. Il y a eu des conséquences pour les éleveurs en direct à ce niveau-là. Nous avons essayé, dans la mesure où nous avons été questionnés, d'expliquer aux partenaires de la filière viande qu'il n'y avait pas de restriction sur ce type de produit.

Nous avons continué ce travail d'information tout en relayant également, concernant les demandes d'indemnisation, l'intérêt qu'il y avait pour les éleveurs à faire ces demandes. Certains doivent encore être pris par la main. Beaucoup d'éleveurs pensent toujours passer à côté et n'osent pas faire les demandes. Un certain nombre d'éleveurs n'osent même pas faire le pas d'aller aux permanences de la Chambre pour recevoir le soutien. C'est un problème conséquent qui se constate régulièrement.

Actuellement, nous sommes dans notre tournée de secteur. Nous faisons des réunions de canton. Pour ceux qui sont dans l'ex zone Lubrizol, nous incitons les éleveurs à la vigilance sanitaire sur les évènements qui pourraient intervenir dans les prochains mois, sur des cas cliniques particuliers qui pourraient éventuellement être rattachés à des contaminations particulières.

En conclusion, notre rôle était celui de relais d'information et d'écoute, tout en essayant de rassurer au maximum, en particulier quand il y avait quelques discussions sur les dioxines. C'est un sujet que nous connaissons bien. Nous avions traité le cas de l'incinérateur de Fécamp en 2003, avec un abattage total dans un élevage et la destruction de tous les forages. Heureusement, nous ne sommes pas dans ce cas de figure sur la zone Lubrizol aujourd'hui.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.