Intervention de Laurence Sellos

Réunion du jeudi 19 décembre 2019 à 10h30
Mission d'information sur l'incendie d'un site industriel à rouen

Laurence Sellos, présidente du Bureau exécutif de la Chambre d'agriculture de Normandie (76) :

La force du collectif est essentielle. Nous sommes extrêmement structurés, aussi bien au niveau du réseau syndical qu'au niveau des filières, même avec le FMSE qui avait été mis en place, qui était notre interlocuteur auprès de Lubrizol. Même s'ils n'interviennent que comme prestataires, ce sont leurs juristes qui ont mis en place les échanges avec Lubrizol. Nous sommes organisés avec les services de l'État. Nous le sommes également avec les élus, le président de la Région, le département, les parlementaires en général ; donc une forte cohésion locale à tous les niveaux. C'est remarquable. Cela facilite grandement les échanges et la façon d'appréhender les évènements sur le terrain.

En revanche, il y a des difficultés avec les journalistes. Nous avons donné des dizaines d'interviews. Sur le dossier indemnisation, il faut rappeler que Lubrizol n'a pas été déclaré responsable, que les analyses sont conformes. S'ils ont décidé d'indemniser, c'était de leur bon vouloir. Nous savons très bien qu'ils veulent rouvrir. Si demain, un nouveau principe de précaution est pris n'importe où sur le territoire, qui indemnise ? L'État ne s'est pas manifesté. On nous a dit : « Vous êtes des victimes, vous serez indemnisés ! », mais ils étaient bien contents que Lubrizol prenne en charge les choses, même si nous ne sommes pas arrivés au bout du processus. J'espère que cela se passera bien. Ce sont des processus un peu compliqués et nous avons beaucoup de questions des agriculteurs à ce sujet.

Pour être très claire, si les analyses n'avaient pas été conformes, nous n'avions pas de plan B. Si les analyses de sol ne se révèlent pas conformes, nous n'avons toujours pas de plan B. Nous ne savons pas comment nous en sortir. Quelle chance d'avoir des retombées de suie qui se révèlent conformes à ce qui était attendu.

Sur le volet des estimations, une note qui avait été élaborée par la Chambre régionale va sortir de façon publique. Nous sommes sur une estimation des pertes directes aux alentours de 6 à 7 millions d'euros, et j'inclus le lait, le maraîchage, les oeufs, les betteraves, etc.

La perte d'image est beaucoup plus difficile à évaluer. Nous avons fait des hypothèses et nous multiplions les chiffres. Nous sommes aux alentours de 20 millions d'euros. Sur le volet « exportation », il n'y a pas trop de soucis, mais sur les ventes directes, nous sommes encore en deçà de ce qui était espéré. Nous avons proposé un plan de relance de l'attractivité à la Région, au département et nous aimerions joindre la Métropole sur le sujet.

Quant au mal-être des agriculteurs, une cellule de la MSA a été spécifiquement réactivée. J'ignore combien de personnes ont appelé, je n'ai pas de retour.

L'autoconsommation est un sujet que nous n'avons pas du tout pris en compte. Cela ne rentre pas dans nos missions consulaires en tant que telles. C'était plutôt à l'État de s'exprimer sur ce sujet-là, même si la consigne était claire pour les maraîchers : détruire les légumes souillés. Concernant ce qui pousse, puisque les analyses aujourd'hui se révèlent conformes, il n'y a pas de raison que l'on ne puisse pas les manger ou les commercialiser.

En revanche, nous aurions peut-être dû travailler beaucoup plus avec nos collègues des autres Chambres consulaires. Nous ne l'avons pas fait parce que nous étions pris dans la tourmente. Vous parliez de rassurer les petits commerçants, nous aurions dû le faire avec la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) et la Chambre des métiers. C'est une leçon à tirer.

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