Intervention de Jocelyn Pesqueux

Réunion du jeudi 19 décembre 2019 à 10h30
Mission d'information sur l'incendie d'un site industriel à rouen

Jocelyn Pesqueux, vice-président du CRIEL :

Sommes-nous prêts à faire face ? Chaque crise est différente. Ce n'est pas facile d'anticiper.

La rapidité n'existe que si les gens se connaissent et ont déjà une relation. Le premier mail de la Chambre d'agriculture est envoyé à 11 heures 07. Pour dire quelque chose par écrit, il faut être sérieux. Il a fallu contacter les bonnes personnes. Pour les avoir, il faut les connaître. Il faut avoir déjà le relationnel. Pour le reste, il y a des protocoles à mettre en place, bien sûr.

Sur l'accompagnement psychologique, un numéro a été mis en place par la mutualité sociale agricole (MSA). Vous savez très bien que les gens en difficulté ne sont pas ceux qui appellent. Nous avons fait des réunions publiques où les gens sont venus, les gens se parlent. C'est important. Au niveau laitier, nous avons souhaité que les demandes d'indemnisation pour septembre, les toutes premières, soient faites par les producteurs. C'est notre réseau, FNSEA, qui est allé les collecter. C'était volontaire. Quand on trait tous les matins et tous les soirs pour jeter son lait, c'est très dur. Nous avons sur le réseau des responsables. Nous voulions qu'ils aillent voir tous les producteurs pour la déclaration, mais surtout, pour leur parler. Quand on a vidé son sac, on a déjà fait la moitié du chemin.

Quand on a vu qu'il y a potentiellement un risque, on prévient ou on revient. Je ne dis pas que tout le monde a été vu, parce que c'est compliqué, mais nous en avons vu énormément. Côté réseau, nous avons vraiment fait un gros travail.

Vous avez parlé d'un véhicule spécifique. Ce n'est pas un véhicule qu'il aurait fallu, mais vingt compte tenu de la taille de la zone. Dans l'inconnu – c'est légitime – le lait a été classé C3, c'est-à-dire « matière dangereuse ». En fait, il fallait les mêmes agréments que des camions qui transportent de l'essence, du gasoil, etc. Pour le transport la nuit, nous aurions pu avoir une dérogation ; nous ne l'avons pas eue. Le problème est que nous n'avions pas de quoi détruire. Toutes les personnes de l'industrie laitière que j'ai eues en contact, celles qui ont un peu d'expérience, qui travaillent depuis 20 ou 30 ans, n'ont jamais connu une telle situation de crise. Elles n'ont pas dormi. Nous avons un site qui a failli être bloqué, non pas pour ne pas ramasser la zone, ce site-là concerne une zone bien plus étendue. Il a failli être bloqué pour ne pas ramasser du tout. L'usine était bloquée à quelques heures près. Il faut réagir vite, mais bien réfléchir concernant la zone à considérer pour ne pas étendre le principe de précaution de façon trop importante, parce qu'il faut quand même gérer les conséquences. L'État qui décide du principe de précaution n'en subit pas les répercussions…

Le 28 août, nous avons eu l'arrêté de cessation de collecte. Il a concerné tout le lait qui était collecté depuis deux jours, mais qui avait été mélangé avec du lait qui n'était pas de la zone. Une fois que c'est mélangé, tout est sous consignation. C'est légitime. Cela représente des masses énormes. Dans les Hauts de France, ils sont revenus sur l'arrêté trois ou quatre jours après pour l'étendre. Le principe de précaution, nous le respectons. Les producteurs ne veulent pas prendre de risques, mais les conséquences sur la filière laitière là où on a mélangé les laits ont été énormes. C'est pour cette raison que cela a vraiment failli bloquer toute l'industrie laitière. C'est pour cela que même contre l'avis des producteurs que nous représentons, nous avons dit : « Arrêtons la collecte. C'est plus raisonnable et plus responsable. » Si le CNIEL n'avait pas payé le lait jeté, sur le terrain, nous ne savions pas gérer. Si le CNIEL existe, c'est parce qu'il y a une cotisation. Les fonds propres ont permis de faire cela, ainsi qu'une responsabilité collective. En deux heures, la décision a été prise sur les trois collèges au niveau national. C'est exceptionnel. Il y avait un tel degré d'urgence et de pression que cela a été fait ainsi. Il faut prendre les arrêtés, mais qu'ils soient réfléchis ainsi que toutes les conséquences.

En termes de communication, la transmission dans le lait ne peut se faire qu'au bout de 48 heures. Ce sont des choses simples, mais qu'il faut expliquer. Si nous avions pris l'arrêté le 27, nous n'avions pas besoin qu'il soit rétroactif d'un point de vue technique. Cela aurait été beaucoup plus simple à gérer. C'est facile à dire après, surtout quand on sait qu'il n'y avait rien.

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