La convergence tarifaire permettait d'appliquer une philosophie plus saine – chacun savait exactement ce qu'il avait à payer, en responsabilité – et aboutissait à une forme d'harmonisation des pratiques sur l'ensemble du territoire. La réforme permettait – on l'a compris – de mieux expliquer la coexistence des trois postes de dépense : les soins, pris en charge par l'assurance maladie, la dépendance, prise en charge par les départements, et l'hébergement, pris en charge par les résidents ou leur famille.
Il apparaît aujourd'hui que cette convergence tarifaire n'a pas produit toutes les améliorations attendues, et le rapport Libault pointe la nécessité de la faire évoluer. Je ne suis donc pas certaine que nous continuerons indéfiniment à financer des EHPAD comme nous le faisons actuellement. Le rapport Libault prône en effet une fusion des sections « soins » et « dépendances » – qui sont actuellement abondées par des financeurs distincts – au sein d'une section « soins et entretien de l'autonomie ».
Vous estimez d'ailleurs qu'il y aura, à l'avenir, toujours plus de personnes dépendantes. Je pense qu'il ne s'agit pas d'une fatalité : la dépendance – je l'ai dit tout à l'heure, et les gériatres l'affirment – est intimement liée à l'existence d'une maladie sous-jacente. Si nous parvenons à améliorer, dès le plus jeune âge, la prévention contre les maladies chroniques – qu'elles soient cardiovasculaires ou neurodégénératives – par une meilleure alimentation ou une meilleure activité physique, l'augmentation du nombre de personnes dépendantes n'est pas écrite. Il y a un enjeu majeur à ne pas subir une telle évolution à cause d'une prise en charge trop tardive de la perte d'autonomie, qui ne permet plus d'améliorer la situation des personnes.