Madame la ministre des solidarités et de la santé, la question de la désertification médicale nous rassemble régulièrement. Vous êtes l'héritière d'une situation impossible et vous avez pris un certain nombre de dispositions, mais, comme nous vous l'avons déjà dit plusieurs fois, il faut les amplifier car les difficultés sont encore à venir ; en effet, les mesures décidées il y a quelques mois ne produiront, hélas, leurs effets que bien plus tard.
Je vous interrogerai sur trois points précis. Tout d'abord, il faut accélérer les procédures d'autorisation d'exercice, les PAE. Dès lors que les médecins titulaires d'un diplôme extra-européen sont dûment qualifiés, rien ne justifie que l'on n'accélère pas les PAE. On évitera ainsi à ces médecins de purger trois années dans les services publics ; ils pourront enfin exercer directement dans le secteur privé. Il faut aller dans cette voie.
Ensuite, les médecins adjoints : votre prédécesseure, Marisol Touraine, avait accepté le déploiement de ces médecins non thésés dans certains départements, en soutien des médecins. Il faut généraliser cette mesure, qui porte ses fruits. En Eure-et-Loir, nous sommes parvenus à sédentariser seize médecins adjoints dans les maisons de santé, de sorte qu'ils soient accompagnés par des tuteurs et que nous puissions faire face à la pénurie actuelle de médecins – songez que, dans le seul arrondissement de Châteaudun, 7 000 patients n'ont malheureusement pas de médecin.
La télémédecine, enfin : lors d'une récente rencontre sur les problèmes liés à la désertification médicale, le directeur général de la caisse nationale de l'assurance maladie – CNAM – reconnaissait lui-même l'existence d'éléments bloquants. Vous savez bien, madame la ministre, que la télémédecine n'apporte pas une solution à tous les problèmes, mais elle est indispensable. Face aux craintes de dérives, l'assurance maladie a imposé des restrictions à l'usage de la télémédecine par les patients. Dans un territoire comme le mien, pourtant, elle constitue le seul moyen d'accéder à une source médicale, car les patients n'iront pas consulter un généraliste qui, à son tour, les renverra vers une consultation de télémédecine. Un assouplissement est nécessaire, quitte à ce qu'il soit temporaire, pour, au moins, résoudre le problème d'étiage à court terme – il ne vous est pas demandé de solutions à long terme.
Sur ces trois points, madame la ministre, je vous remercie de bien vouloir nous apporter des précisions.