Intervention de Agnès Buzyn

Séance en hémicycle du jeudi 9 janvier 2020 à 9h00
Questions sur l'efficacité des mesures prises pour lutter contre la désertification médicale

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé :

Je peux vous assurer que l'État travaille à renforcer l'offre de soins en général et l'hôpital public en particulier.

Votre intervention comporte plusieurs erreurs, que je suis obligée de corriger. Vous avez affirmé que nous ne formons pas assez de médecins. Cela a été vrai dans les années 1990 et 2000, et nous en payons aujourd'hui le prix. Mais ce n'est plus vrai depuis 2005, où le numerus clausus a été plus que doublé : nous sommes passés de moins de 4 000 médecins formés chaque année à plus de 9 000 aujourd'hui, et nous allons augmenter encore le numerus clausus.

Les fruits de cette augmentation n'apparaîtront cependant que dans quelques années, et le nombre de médecins n'augmentera donc en France qu'à partir de 2027. Mais nous formons déjà plus de deux fois plus de médecins qu'il y a vingt ans.

Vous avez également souligné qu'ils ne s'installent pas là où nous le souhaitons. C'est la raison pour laquelle nous avons proposé, dans la loi d'organisation et de transformation du système de santé, un changement dans le recrutement des jeunes médecins, moyennant la modification de la première année commune aux études de santé – PACES : nous pourrons recruter des jeunes inscrits en licence dans tous les territoires, notamment dans des zones plus rurales dépourvues de faculté de médecine, mais où des jeunes peuvent s'inscrire à l'université dans d'autres filières. Cette diversification nous aidera à modifier le profil des jeunes qui s'installeront.

Vous parlez en outre de fermetures de services. Le ministère de la santé n'a décidé d'aucune fermeture de services : en revanche, des hôpitaux peinent aujourd'hui à recruter des médecins car la démographie médicale, notamment celle des urgentistes, est mauvaise. Or des internes sont en formation dans le cadre du nouveau diplôme de médecin d'urgence et 400 nouveaux médecins urgentistes seront diplômés tous les ans à partir de cette année. Ils se déploieront dans les territoires et y renforceront l'offre de médecine d'urgence, ce qui permettra fort heureusement d'éviter les fermetures de services que vous a évoquée. Quant à la pénurie actuelle, il est trop tard pour y remédier : il aurait fallu, en 1999 ou en 2000, former des médecins d'urgence. Ils ne l'ont pas été, mais d'autres sont aujourd'hui en cours de formation et s'installeront sur tout le territoire.

Vous avez enfin parlé de coupes budgétaires. Aucune n'aura lieu, puisque nous augmentons les budgets des hôpitaux publics depuis l'année dernière, et que nous continuerons de le faire pendant trois ans.

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